Durant une période relativement courte, s’étalant de 2021 à 2023, l’effectif des travailleurs touchant le salaire minimum a connu une hausse considérable de 50%. Cette situation alimente un certain inconfort social que le gouvernement tente d’apaiser.
Emmanuel Macron est aujourd’hui confronté à une réalité inconnue : dans le milieu privé, à l’exception du domaine agricole, presque un travailleur sur cinq reçoit un salaire égal au salaire minimum interprofessionnel de croissance (smic). D’après les statistiques les plus récentes de la Dares, une entité relevant du ministère du Travail, entre janvier 2021 et janvier 2023, le nombre de personnes percevant le SMIC a augmenté d’un million.
Ce qui porte le total à plus de 3,1 millions de Français qui touchent 1 398,69 euros net par mois. Ce sont en majorité des employés et des ouvriers, un travailleur sur cinq dans le secteur des services, et 8% dans l’industrie. Il existe également, suivant une étude récente de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME), des petits chefs d’entreprise et des artisans qui gagnent moins d’un smic par mois.
Le SMIC est automatiquement ajusté en fonction de l’inflation, ce qui n’est pas le cas des autres salaires qui résultent d’un accord entre employés et employeurs. Ainsi, comme le SMIC a été relevé à huit reprises au cours des deux dernières années, il a progressivement rejoint de nombreux salaires légèrement supérieurs, qui eux, n’ont pas progressé aussi rapidement. Conséquence logique, le nombre de salariés augmente.
En outre, l’augmentation du nombre de personnes payées au SMIC résulte du type d’emplois créés ces dernières années. Les nouveaux emplois se trouvent souvent dans des secteurs peu qualifiés, tels que la logistique, le nettoyage, l’assistance à la personne, et sont par conséquent rémunérés au salaire minimum.
Valoriser davantage le travail
Le souci, c’est que cela conduit à ce que l’on appelle des « trappes à bas salaire ». Car aujourd’hui, un employeur a davantage intérêt à embaucher une personne au SMIC qu’une autre qui serait légèrement au-dessus, en raison des allégements de cotisations. En conséquence, employer une personne au SMIC coûte moins cher. De plus, ces incitations font que les travailleurs restent souvent longtemps au SMIC. Ils ont l’impression de stagner dans l’échelle des qualifications et des salaires, se sentant pris au piège dans une trappe à bas salaire.
Le gouvernement est à la recherche d’une solution à ce problème qui alimente la malaise et la colère ambiantes. Le sentiment est renforcé par l’inflation qui fait que de plus en plus de travailleurs peinent à joindre les deux bouts. En octobre dernier, au cours de la conférence sociale, Élisabeth Borne a initié une discussion sur les bas salaires en proposant la mise en place d’un conseil supérieur des rémunérations.
Ce que le gouvernement cherche, c’est comment mettre davantage en valeur le travail, c’est-à-dire comment revoir les systèmes d’aides qui encouragent ou qui rémunèrent mieux le travail. Le gouvernement vise notamment la prime d’activité et une refonte des allégements de cotisations. Cependant, cela provoque des remous chez les employeurs et la crainte est que cela puisse freiner les embauches.