Mardi après-midi, le tout récent Premier ministre exposera sa feuille de route gouvernementale devant l’Assemblée nationale. Tandis qu’il procédera à cette présentation, un discours identique sera prononcé devant le Sénat par Bruno Le Maire, le second personnage de ce nouveau gouvernement.
Le mardi 30 janvier est une date importante ! L’après-midi même, Gabriel Attal doit faire sa déclaration de politique générale, un événement toujours très anticipé et complexe. Ce défi initial se déroule dans un climat très tendu. Les manifestations d’agriculteurs continuent, surtout aux alentours de Paris. L’image d’un Premier ministre assiégé donnant son premier discours important est assez singulière. Nommé seulement depuis trois semaines, son gouvernement n’est pas encore entièrement formé et une crise politique a déjà fait rage, liée à sa ministre de l’Éducation nationale, Amélie Oudéa-Castera, qui a rencontré des difficultés assez rapidement.
Les députés ne lui réserveront probablement pas un accueil chaleureux. Comme le Premier ministre ne bénéficie que d’une majorité relative, il n’a pas l’intention de demander un vote de confiance à l’Assemblée. La gauche prévoit de présenter une motion de censure, qui est vouée à l’échec. La droite est outrée par la censure des mesures qu’elle avait incorporées dans la loi sur l’immigration. L’extrême-droite compte surenchérir en exploitant le malaise des agriculteurs.
Définir sa personnalité politique propre
A l’opposé d’Élisabeth Borne, Gabriel Attal est connu pour sa combativité au parlement, bien que sa situation politique ne soit pas plus facile que celle de son prédécesseur qui a dû utiliser l’article 49-3 à maintes reprises. Cependant, le nouveau chef de gouvernement possède deux atouts : l’appel de la nouveauté et une popularité considérable.
Quant à sa relation avec Emmanuel Macron, cette proximité peut se transformer en un obstacle si le Premier ministre ne réussit pas à se distancer de l’influence dominante du Président. Il y a deux semaines, le chef de l’État a donné une longue conférence de presse qui ressemblait beaucoup à une déclaration de politique générale. Gabriel Attal devra trouver le juste milieu pour affirmer sa propre identité politique.
Il ne doit plus simplement être perçu comme le porte-voix d’Emmanuel Macron. Pour y parvenir, il compte mettre l’accent sur deux principes principaux : le renforcement de l’autorité et la priorisation des classes moyennes. Il entend utiliser une approche qui n’a pas toujours été appliquée à l’Élysée – le dialogue. C’est une riposte à ceux qui l’accusent de n’être qu’un communicateur sans substance, pour montrer que « l’attalisme », loin d’être une simple image de jeunesse, est une réelle notion politique.