Catherine Deneuve et Nino Castelnuovo ont donné vie à un film musical qui a fait ses débuts en salle le 19 février 1964. Avec l’honneur d’une Palme d’or obtenue à Cannes, ce film a traversé le temps et franchi les frontières internationales.
Il y a six décennies de cela, le 19 février 1964 pour être précis, le film « Les Parapluies de Cherbourg » faisait son apparition sur grand écran. Mis en scène par le réalisateur Jacques Demy (1931-1990), ce chef-d’œuvre cinématographique musical est entièrement composé par Michel Legrand. Dès sa sortie, il a su séduire les cinéphiles. Il obtient la Palme d’or au Festival de Cannes et le prix Louis Leduc. Demy à la fois, satisfait et ému, dira plus tard, « j’étais ravi car cela a une grande importance pour la carrière d’un réalisateur ».
Ce film, précurseur pour l’époque, émeut toujours autant les spectateurs avec son ambiance nostalgique et son récit universel. Comme le dit Xavier Leherpeur, critique de cinéma pour ‘l’Obs’ et ‘France Inter’, « c’est un film où je voudrais franchir l’écran et vivre pour l’éternité, aux Parapluies de Cherbourg ».
Le film, réalisé par Jacques Demy, est sorti le 19 février 1964 en salles. –
(FRANCE 3 NORMANDIE / P. Latrouitte / G. Louis / M. Michel-Dherissart / V. Potel)
Décors colorés et questionnement du rôle de la femme
Le film raconte une romance contrariée par la guerre d’Algérie, le tout en musique. C’était une première en France à l’époque. Face à Nino Castelnuovo (découvert dans « Rocco et ses frères »), Catherine Deneuve incarne à la fois l’innocence, l’amour, et le désespoir. « C’est un film plein de magie, de tragédie musicale, filmé en scope, en couleur », disait alors Jacques Demy.
Malgré son approche novatrice, des décors colorés, saturés, des costumes élégants, Jacques Demy ne reste pas dans la superficialité et aborde des thèmes sociétaux majeurs. « Le décor est gai, amusant. Les femmes ont des tenues assorties au papier peint. En y regardant de plus près, cela signifie quelque chose sur la place de la femme dans la société, comme femme au foyer, et cela perturbe Jacques Demy, tout son cinéma est très féministe », analyse Xavier Leherpeur.
Mag Bodard : celle qui rend possible « Les Parapluies »
« Les Parapluies de Cherbourg » a eu du mal à trouver des financiers. Le projet effrayait les producteurs, qui avaient peur des nombreux échecs des comédies musicales américaines dans les salles françaises. Finalement, une productrice, Mag Bodard, accepte. « Elle a été séduite par le film quand Michel Legrand et Jacques Demy lui ont chanté tous les rôles du film. À la suite de cette démonstration, elle accepte de produire le film », révèle Rosalie Varda-Demy.
Les séquences du film sont tournées en huit semaines à Cherbourg (Manche) en 1963. Le tournage est marqué par une atmosphère euphorique et un enthousiasme collectif. Dès sa première année d’exploitation, le film a attiré plus d’un million de spectateurs en France. En 2013, le film a été entièrement restauré en numérique grâce à des dons et une collecte de fonds sur internet.