L’administration slovaque, qui affiche une affinité notable avec la Russie, aspire à contrôler l’audiovisuel public. Pendant ce temps, le gouvernement de la Pologne, favorable à l’Europe, cherche à réinstaurer la liberté de la presse suite à la gouvernance du parti ultraconservateur.
Robert Fico et son gouvernement menacent l’indépendance des médias slovaques depuis son retour au pouvoir en 2023
Depuis que Robert Fico, le Premier ministre slovaque, est revenu au pouvoir fin 2023, lui et son gouvernement ont lancé plusieurs réformes controversées, touchant plusieurs sphères de la société. Suite à la réforme de la justice, c’est l’audiovisuel public qui se trouve aujourd’hui en pleine tourmente, causant une grande inquiétude auprès des journalistes quant à leur indépendance.
D’un autre côté, en Pologne, Donald Tusk, le Premier ministre issu des forces pro-européennes et élu fin 2023, a entrepris une véritable purge dans les médias après la gouvernance ultranationaliste et conservatrice du PiS.
La ministre de la Culture slovaque, ancienne collaboratrice d’une chaîne complotiste
Martina Šimkovičová, la ministre de la Culture nommée par l’extrême droite en alliance avec Robert Fico, appelle à un changement de direction au sein de la RTVS, la radiotélévision publique slovaque. Ayant travaillé précédemment pour une chaîne complotiste, Martina Šimkovičová plaide pour la fin de ce qu’elle appelle la « censure », citant en particulier les sujets du Covid et de l’Ukraine pour lesquels aucune opinion divergente n’est admise à l’antenne selon elle. Des centaines de journalistes, tant de la RTVS que de médias privés indépendants, ont protesté contre ces initiatives de la ministre.
Martina Šimkovičová s’est également attirée l’attention en défendant le renouvellement des relations culturelles avec la Russie et la Biélorussie en ligne avec la pro-russophilie promue par Robert Fico depuis son retour au pouvoir.
Meurtre d’un journaliste, une évocation douloureuse pour la Slovaquie qui avait poussé à la démission de Fico en 2018
La question de la presse et la liberté journalistique est un sujet particulièrement sensible en Slovaquie. Le pays a été profondément marqué par l’assassinat du journaliste d’investigation Ján Kuciak et de sa compagne en 2018, un drame qui avait mené à la démission de Robert Fico et de son gouvernement de l’époque. Avec le retour de Fico au pouvoir, la presse est à nouveau sous pression et il adopte une attitude agressive dans ses rapports avec les médias. Selon Reporters sans frontières, « le gouvernement slovaque tente de manière insidieuse d’ôter à l’audiovisuel public son indépendance ». Cette atteinte à la liberté des médias publics constitue une « menace pour l’état de droit et ridiculise les exigences de l’UE », selon l’organisation.
Pologne : un animateur de la télévision publique présente ses excuses à la communauté LGBT
La restauration de la liberté de la presse et du droit à l’information est l’une des priorités de la coalition qui a été élue en Pologne en décembre 2023. Sous le règne du parti ultraconservateur Droit et justice (PiS), qui a détenu le pouvoir de 2015 à 2023, le contrôle des médias a été rapidement établi. Le géant pétrolier Orlen a acquis des organes de presse majeurs et a placé des fidèles du parti à la tête de chaînes de télévision ou de stations de radio. TVP, la chaîne de télévision publique, était perçue comme étant largement pro-gouvernementale et était selon certains à la limite de la propagande. TVP a lancé le 18 mars un projet pour recruter 50 journalistes et présentateurs en vue d’un renouvellement progressif de ses équipes.
La fin du financement des publications religieuses souhaitée par le gouvernement
Bartłomiej Sienkiewicz, le ministre de la Culture, a rappelé que la Pologne est un pays laïc. Il a déclaré que l’État ne financerait plus les publications catholiques, comme le faisait le gouvernement du PiS. Une nouvelle liste de médias qui recevront des subventions publiques a été publiée récemment et, comme prévu, les publications religieuses en sont absentes. Le ministre de la Culture a souligné la présence de nombreux médias conservateurs dans la liste, reflétant la diversité médiatique que la nouvelle coalition au pouvoir veut encourager. Cette politique de pluralité contraste avec celle du PiS qui avait tenté d’acquérir la chaîne privée TVN, détenue par des Américains, parce qu’elle se montrait trop critique à l’égard du gouvernement.