Les dirigeants des syndicats et les chefs d’entreprise se sont rencontrés mercredi pour exprimer leur mécontentement vis-à-vis du comportement du gouvernement lors des discussions actuelles concernant l’indemnisation de chômage.
« Être contraint à marchander sous la menace d’une arme, cela devient vite irritant » sont les propos de Michel Picon, le président de l’U2P, qui représente les plus petites structures d’affaires. Ces mots illustrent bien l’atmosphère tendue du rendez-vous au centre des pourparlers sur l’indemnisation chômage. En présence de l’Association des journalistes spécialisés en informations sociales (Ajis), les dirigeants patronaux et syndicaux se sont rassemblés pour critiquer le positionnement du gouvernement vis-à-vis de l’assurance-chômage.
Normalement, il leur reste encore une semaine pour trouver un terrain d’entente, mais un « mauvais esprit plane au-dessus de ces discussions », pour citer les mots de Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT. Ce commentaire est directement destiné au ministre de l’Économie Bruno Le Maire, connu pour ne pas hésiter à exercer des pressions sur les parties. Qualité de l’accord obtenu ou non entre les syndicats et les chefs d’entreprise, le ministre a l’intention de reprendre le contrôle du dossier.
« Quand Bruno Le Maire s’exprime sur le modèle social de notre pays en le qualifiant de ‘plus ou moins généreux’, on s’en moque, car son avis sur la question n’intéresse personne », s’indigne François Hommeril de la CFE CGC. « Bruno Le Maire est un acteur-clé du gouvernement. Il se doit de servir les intérêts de la France. »
« C’est une réalité que les politiques et les députés nous ont ouvertement admise lors de nos échanges : les thématiques de l’emploi et du chômage sont déterminantes pour leur élection ou leur éviction. Il y a quelque chose de plus sérieux qu’une simple intimidation ici », s’alarme Cyril Chabanier, le président de la CFTC. D’après lui, s’approprier la gestion de l’assurance-chômage est une décision qui jouit d’une grande popularité auprès du public, contrairement à l’hypothèse de la reprise du contrôle de l’Agirc-Arcco, système de retraite complémentaire du secteur privé.
Empêcher l’État de contrôler des fonds considérables
Outre le dossier de l’indemnisation chômage, les syndicats redoutent de voir d’autres de leurs prérogatives leur échapper à l’avenir. Les partenaires sociaux sont responsables de la gestion de plusieurs organismes, notamment les caisses de Sécurité sociale, d’allocations familiales, de retraites complémentaires et de formation professionnelle… François Hommeril de la CFE CGC évalue cette cagnotte à 235 milliards d’euros.
« On doit éviter de confier toutes les responsabilités à l’État car on ignore ce qu’il sera demain. Les politiciens sont ce qu’ils sont aujourd’hui et le pays a besoin de stabilité », estime le président du Medef, Patrick Martin.
Chez la CFTC, on rappelle que le président Emmanuel Macron l’a affirmé dès le début de son mandat : « Il ne souhaite pas de la présence durable des partenaires sociaux à ses côtés », il préfère les voir dans les entreprises. Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT, exhorte une fois de plus le gouvernement à diviser le pouvoir avec ceux qui représentent les employés et les employeurs.