Une fois terminée la rencontre entre Emmanuel Macron et les dirigeants des partis politiques à l’Élysée ce jeudi matin, ces derniers ont exprimé leur désapprobation face à l’absence de « bornes » imposées par le Président de la République concernant l’appui français à l’Ukraine.
Des réactions négatives ont afflué suite à la réunion concernant l’état des choses en Ukraine qui a été organisée à l’Élysée le jeudi 7 mars. Emmanuel Macron a invité les dirigeants des principaux partis politiques pour examiner la situation de guerre, en prévision d’un grand débat et d’un vote au Parlement prochainement et après avoir abordé la possibilité d’envoyer des troupes occidentales en renfort. Le président a voulu rassurer les dirigeants des partis en affirmant que la France n’envisage pas de restrictions, ni de ligne à ne pas franchir en ce qui concerne son soutien à l’Ukraine, ont rapporté plusieurs d’entre eux à 42mag.fr.
Cette position n’a pas convaincu les leaders des partis. Suite à presque trois heures de débats, plusieurs ont exprimé que leur niveau d’inquiétude était plus élevé en sortant de la réunion qu’avant d’y entrer. Beaucoup regrettent que le chef de l’État n’ait pas établi de limites claires au soutien à l’Ukraine, certains allant jusqu’à dénoncer une « escalade de la guerre ».
« Il est nécessaire que la France établisse des limites », affirme Jordan Bardella
« Il y a de nombreuses solutions envisageables, mais s’engager intégralement dans la guerre mondiale n’en fait pas partie », a déclaré Jordan Bardella, le chef du Rassemblement national, à la fin de la réunion. « Le Président de la République semble prêt à un soutien inconditionnel à l’Ukraine », a-t-il souligné. Selon lui, « la France doit imposer des limites ». Il a expliqué que la position du Président « ne fait que servir les intérêts de Poutine et montre une division au sein des Occidentaux. »
Concernant le vote à propos de l’accord bilatéral de sécurité qui aura lieu mardi à l’Assemblée nationale, Jordan Bardella a noté qu’il en discuterait « avec Marine Le Pen prochainement ». Il a affirmé être « en accord sur le principe mais qu’il est nécessaire d’établir des limites », a-t-il insisté.
Il a également suggéré qu’Emmanuel Macron et Gabriel Attal « perdent leur calme » lorsqu’ils établissent un parallèle entre « le RN et une occupation étrangère ». Il est « irresponsable » et « la campagne européenne n’autorise pas ce genre de comportement. ».
« Je me pose véritablement des questions sur l’utilité de cette réunion », déclare Eric Ciotti
« Je m’interroge vraiment sur le bien-fondé de cette réunion », a quant à lui déclaré le chef des Républicains, Eric Ciotti. « Il n’y a pas eu d’annonces claires ou de nouveautés significatives. Le président n’a pas éliminé les zones d’incertitude » a ajouté le député des Alpes-Maritimes. « On peut surtout douter de la pertinence des déclarations du président qui n’ont pas réussi à faire avancer de manière significative les relations diplomatiques. »
« J’ai réaffirmé notre soutien inconditionnel à l’Ukraine, à un soutien financier et à la fourniture de matériel militaire. Nous le réitérerons mardi à l’Assemblée, par contre, j’ai souligné notre désaccord total avec le déploiement de troupes au sol. C’est une position inadéquate, irresponsable », a critiqué Eric Ciotti.
La gauche déplore que le président « reste sur ses positions »
« Cette réunion était utile et indispensable », a jugé quant à elle la secrétaire nationale des écologistes, Marine Tondelier. Néanmoins, elle considère également ne pas avoir eu « l’occasion de voir le président changer d’avis ». Elle a noté « l’unanimité » des partis d’opposition opposition au sujet du déploiement de troupes en Ukraine.
Idem pour le premier secrétaire du parti socialiste, « c’était important de nous rassembler », mais « le président de la République est resté campé sur ses positions et n’a pas voulu évoluer. Il nous a dit qu’il ne voulait rien exclure face à la Russie ».
Concernant les Insoumis, le coordinateur national, Manuel Bompard, a déclaré être « venu avec des inquiétudes, et en être ressorti encore plus inquiet » concernant l’absence de changement dans la position d’Emmanuel Macron. « Le président, loin de revenir sur ses déclarations les a confirmées à plusieurs reprises, qu’il n’y avait aucune limite, qu’il fallait soutenir l’Ukraine coûte que coûte. »
« Aujourd’hui, nous faisons le choix de participer à cette escalade guerrière, c’est extrêmement dangereux », a également dénoncé le secrétaire national du Parti communiste, Fabien Roussel. Il souligne que « toutes les forces politiques » sont d’accord sur l’objectif que « nous ne voulons pas que la Russie gagne, que tout doit être fait » mais « la seule divergence, ce sont les moyens que nous utilisons ». Il a ajouté que « nous n’assistons à que peu d’efforts diplomatiques » de la part du président.