Depuis la désignation de Michel Barnier en tant que Premier ministre jeudi, la gauche s’insurge en dénonçant ce qu’elle considère comme une entorse à la démocratie, rappelant qu’elle a remporté la majorité lors des élections législatives. Cependant, pour accéder à Matignon et diriger le gouvernement, le Nouveau Front populaire aurait dû faire preuve d’ouverture, une démarche qu’il a choisi de ne pas entreprendre.
La nomination de Michel Barnier, Premier ministre de droite, avec le soutien tacite de Marine Le Pen, suscite la colère de la gauche. Le Nouveau Front populaire s’insurge, depuis le jeudi 5 septembre, dénonçant un déni démocratique. Jean-Luc Mélenchon accuse « le monarque Macron » de « voler l’élection au peuple », tout en rappelant que la gauche dispose du bloc de députés le plus conséquent. Il est vrai que l’arrivée à Matignon d’un membre de la droite républicaine, même si elle est minoritaire avec seulement 47 députés, paraît surprenante. Le soutien tacite du Rassemblement National ajoute à cette singularité. Écarté précédemment par le Front républicain, le parti de Marine Le Pen joue maintenant un rôle décisif d’arbitre.
Emmanuel Macron a-t-il détruit le Front républicain comme l’affirme la gauche ? Pas exactement. Certes, ces derniers mois ont vu plusieurs acteurs politiques, y compris le Président, affaiblir ce front, mais celui qui a réellement porté le coup fatal est le Nouveau Front populaire. Jean-Luc Mélenchon a proclamé la victoire de la gauche dès le 7 juillet, assurant qu’elle appliquerait exclusivement le programme du NFP.
Pour s’emparer de Matignon et diriger le gouvernement, la gauche aurait dû faire des compromis. Elle a besoin d’une centaine de députés supplémentaires pour une majorité absolue, et aurait donc dû rechercher un accord avec le centre et même la droite républicaine. Mais au contraire, elle a suivi une ligne de fermeté : Olivier Faure s’est aligné sur Jean-Luc Mélenchon, et les socialistes ont compromis les chances de Bernard Cazeneuve. La gauche a persisté à vouloir Lucie Castets ou rien. Résultat ? Rien.
L’inflexibilité du Nouveau Front populaire
À présent, la gauche est quasiment impuissante. Elle peut organiser des manifestations, comme le feront les Insoumis samedi, accuser Emmanuel Macron de collusion avec Marine Le Pen, voire tenter une procédure de destitution du Président, bien que vouée à l’échec. Par son inflexibilité, le Nouveau Front populaire s’est condamné à rester spectateur au Parlement. Le succès de leur motion de censure dépend désormais intégralement de la position du groupe RN. Bref, tant que Jean-Luc Mélenchon impose sa ligne directrice à la gauche, cette dernière semble vouée à l’opposition. Pendant ce temps, ceux qui ont scellé le sort du Front républicain continueront de faciliter la montée en puissance de Marine Le Pen.