Depuis le 21 août, les travailleurs de la justice ainsi que les étudiants en droit au Mexique sont en grève sans date de fin prévue. Ils protestent contre une réforme proposée par le gouvernement actuel qui prévoit des modifications profondes du système judiciaire.
La mesure principale qui suscite la controverse au Mexique est le projet d’élection des magistrats par scrutin populaire. À travers une révision constitutionnelle, plus de 1 600 magistrats, y compris les juges, procureurs fédéraux et locaux ainsi que les ministres de la Cour suprême, seraient élus directement par les citoyens dès 2025. Cette initiative fait naître des inquiétudes quant à une possible politisation de la justice et une atténuation de son indépendance vis-à-vis du pouvoir exécutif.
Les magistrats seraient contraints de mener des campagnes électorales, les rendant susceptibles de dépendre du soutien des partis politiques. Cela pourrait permettre à des individus moins qualifiés mais jouissant de plus d’influence de prendre des postes aux enjeux considérables. Dans une nation comme le Mexique, il y a la crainte que des corporations ou des groupes criminels puissants puissent imposer des magistrats redevables, qui rendraient des décisions favorables à leurs intérêts.
L’inquiétude des nations étrangères
L’ONU a exprimé ses préoccupations et les États-Unis se sont également positionnés contre cette réforme. L’ambassadeur américain au Mexique, Ken Salazar, a diffusé une déclaration affirmant que cette loi menaçait la démocratie mexicaine et les relations bilatérales. Cette déclaration a failli provoquer un incident diplomatique, le président mexicain ayant immédiatement dénoncé ce qu’il considère comme une attitude interventionniste de la part des États-Unis, et le gouvernement mexicain s’est opposé catégoriquement au dialogue.
Cette réforme est promue depuis longtemps par le président mexicain Andres Manuel Lopez Obrador, qui en a presque fait une question personnelle. Il souhaite que cette législation soit adoptée avant son départ prévu à la fin du mois de septembre et, pour cela, il a réussi à accélérer les travaux du nouveau congrès qui lui garantit une majorité significative.
Ce contexte a mené à un vote parlementaire totalement chaotique le mercredi 4 septembre. Alors que des manifestants bloquaient l’accès au parlement, les députés ont dû se replier dans un gymnase pour voter sur la loi, levant la main tout en étant installés sur des chaises en plastique. En réalité, le Mexique nécessite un changement drastique de son système judiciaire, gangrené par la corruption à tous les niveaux et inefficace, puisque neuf crimes et délits sur dix restent impunis.