Le photographe palestinien Mahmud Hams, lauréat de la catégorie Meilleure photo aux Prix Bayeux Calvados-Normandie des correspondants de guerre 2024, a dédié son prix à tous les journalistes « courageux et honnêtes » qui couvrent la guerre à Gaza. Il était l’un des douze journalistes honorés pour leur travail sur le conflit, qui fait l’objet de plusieurs expositions lors de l’événement de cette année.
Les prestigieux Prix Bayeux des correspondants de guerre ont récompensé chaque année des dizaines de journalistes pour leur couverture des conflits à Gaza, en Ukraine, en Haïti et en Afghanistan.
Cette année, la journaliste anglo-américaine Clarissa Ward présidait le jury international – composé de 40 collègues correspondants de guerre – qui a décerné des prix dans sept catégories.
«J’ai été tellement impressionné par le travail que nous jugeions. Si beau, audacieux, courageux et vital… J’aimerais que nous puissions récompenser tout le monde. Cela m’a rendu très fier d’être journaliste », a déclaré Ward après la cérémonie de remise des prix samedi soir.
Pas moins de 10 journalistes ont été pointés du doigt pour leur couverture du conflit entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza, où plus de 42 000 personnes ont été tuées depuis octobre dernier, selon les données du ministère de la Santé du territoire palestinien.
« Le monde regarde Gaza à travers nos objectifs »
Les reportages sur Gaza sont principalement confiés aux journalistes palestiniens locaux, qui risquent leur vie pour documenter la dévastation dans des situations de plus en plus précaires.
Selon le groupe d’enquête Forbidden Stories, plus de 100 journalistes et professionnels des médias ont été tués depuis qu’Israël a lancé son offensive en réponse à l’attaque du Hamas le 7 octobre dernier.
Hams, photographe de l’agence de presse française AFP, a remporté le premier prix dans la catégorie photo pour sa série poignante « Gaza : dans l’enfer de la guerre ». Son travail lui a également valu la plus haute récompense du festival de photojournalisme Visa pour l’Image cette année.
« Je veux dire à mes collègues de Gaza que notre message a été entendu : le monde entier regarde Gaza à travers nos objectifs », a déclaré Hams, dédiant son prix à ses collègues journalistes sur le terrain.
Les plus grands prix français du photojournalisme sont décernés à des Palestiniens couvrant la guerre à Gaza
C’est une zone que Ward connaît bien. Avec son équipe, elle a été la première journaliste occidentale à entrer à Gaza – sans autorisation ni escorte israélienne – en décembre 2023, un exploit qu’aucun média étranger n’a réussi depuis.
Elle est clairement frustrée de ne pas pouvoir continuer à documenter ce qu’elle décrit comme une guerre « si personnelle pour tant de personnes ».
« Tous les conflits sont dévastateurs. Tous les conflits sont particulièrement tragiques. Je pense que nous ressentons l’impact de ce qui se passe au Moyen-Orient avec une acuité particulière parce que nous voyons la dynamique de cette guerre se jouer dans nos propres rédactions, sur nos propres lieux de travail, dans nos propres familles », a-t-elle déclaré à 42mag.fr.
« Pas ici pour être aimé »
Pour Ward, même si les méthodes de guerre restent plus ou moins les mêmes, le terrain pour les journalistes est en constante évolution. Qu’il s’agisse de nouveaux modèles économiques ou de changements dans les modèles et les habitudes du public, les journalistes sont souvent appelés à former un seul homme-orchestre lorsqu’il s’agit de produire des informations.
L’un des plus grands défis, dit-elle, a été de s’adapter aux pressions des médias sociaux et aux réactions souvent abusives des internautes.
Elle souligne qu’après avoir couvert le conflit de Gaza de manière intensive depuis octobre dernier, elle s’est rappelée à quel point il est important de rester impartial, quelle que soit la « pression écrasante » qui existe « pour choisir un camp ou être le champion d’un ou plusieurs l’autre ».
« Cela me rappelle très important que notre travail en tant que journaliste ne consiste pas à être aimé, il ne s’agit pas de dire aux gens ce qu’ils veulent entendre. »
Au lieu de cela, dit-elle, les journalistes doivent se rappeler de « respirer profondément, de passer en revue les faits et de rassembler la meilleure version disponible de la vérité que nous pouvons trouver, tout en restant humbles face aux divers obstacles et défis auxquels nous sommes confrontés ». .
Un journaliste de 42mag.fr honoré
À 44 ans, Ward est l’une des plus jeunes présidentes du jury de l’événement et a admis s’être sentie « humble » et « excitée » de découvrir le travail de ses collègues reporters.
Parmi les autres reportages primés sur Gaza, le journaliste Rami Abou Jamous a remporté le premier prix de la presse écrite pour son « Gaza Journal », un récit quotidien de la façon dont il a fui son domicile alors que les forces israéliennes avançaient, publié sur le site en ligne. revue Orient XXI.
Le photographe indépendant Saher Alghorra (AP/Zuma Press) a remporté le trophée du Jeune Reporter pour une photo prise à l’hôpital Nasser de Khan Younis.
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À la télévision, le journaliste gazaoui Mohamed Abou Safia et John Irvine de la chaîne britannique ITV News ont remporté le premier prix pour leur reportage montrant un Palestinien abattu alors qu’il portait un drapeau blanc alors qu’il cherchait des membres de sa famille à Gaza.
Le journaliste de 42mag.fr, Sami Boukhelifa, a remporté le troisième prix dans la catégorie radio pour son récit de deux enfants pris dans la guerre, d’Israël et de Gaza.
D’autres prix ont été décernés à la couverture du conflit en Ukraine, de la guerre des gangs en Haïti et de la tragédie de la mort de migrants dans la Manche.
Le prix du public a été décerné au photographe ukrainien Kostiantyn Liberov pour sa série « Guerre en Ukraine : douleur, désespoir et espoir ».
Les huit expositions différentes de cette édition des Prix Bayeux Calvados-Normandie sont ouvertes au public gratuitement jusqu’à la mi-novembre.