Le nouveau Premier ministre français, François Bayrou, fait face à une vague de critiques moins d’une semaine après son entrée en fonction. Il a été critiqué mardi pour avoir choisi de présider une réunion municipale provinciale alors que l’île de Mayotte, dans l’océan Indien français, luttait pour se remettre des effets dévastateurs d’un récent cyclone.
La controverse a éclaté moins d’une semaine après que Bayrou ait été nommé sixième Premier ministre du mandat du président Emmanuel Macron, chargé de mettre fin à des mois de crise politique.
Le centriste chevronné avait déjà ébouriffé quelques plumes en insistant sur le fait qu’il conserverait son poste de maire de la ville de Pau, dans le sud-ouest du pays, tout en étant Premier ministre.
Cette nomination marque un moment important dans le deuxième mandat de Macron, alors que Bayrou, un allié de longue date du président, entre en fonction avec une riche expérience politique.
Bayrou, qui a été maire de Pau, une ville du sud-ouest, au cours de la dernière décennie, avait fait la une des journaux avant même sa nomination en insistant pour conserver ses fonctions de maire tout en assumant le poste de Premier ministre. Ce double rôle a fait sourciller, d’autant plus que de nombreux premiers ministres précédents ont choisi de démissionner de leurs postes municipaux.
Lundi soir, Bayrou s’est rendu à Pau pour assister à une réunion municipale, où il a confirmé qu’il conserverait le poste qu’il occupe depuis une décennie.
Fier natif du sud-ouest de la France, Bayrou est depuis longtemps une figure d’influence politique dans la région.
Réunion de crise à Mayotte
Son absence à une réunion de crise à Mayotte, présidée par Macron pour discuter des conséquences dévastatrices du cyclone Chido, a suscité certaines inquiétudes.
Bayrou a participé à la discussion de Mayotte à distance par vidéoconférence, une démarche qui n’a pas été bien accueillie par certains.
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La présidente de l’Assemblée nationale française, Yael Braun-Pivet, membre du parti centriste de Macron, a critiqué son déplacement à Pau.
« Face à une telle catastrophe, il est important d’être aux côtés du peuple », a-t-elle déclaré à la chaîne publique française Franceinfo.
« J’aurais préféré que le Premier ministre, au lieu de prendre un avion pour Pau, prenne un avion pour Mamoudzou », la capitale de Mayotte, où l’on craint des centaines de morts à cause du cyclone.
La cheffe de file de la gauche dure La France Insoumise (LFI) au Parlement Mathilde Panot a déclaré qu’après « 20 ans de politique d’abandon » de Mayotte, Bayrou « n’avait pas compris le symbole » qu’il avait envoyé en se rendant à Pau.
De son côté, le député Les Républicains (LR) Thibault Bazin a laissé entendre que le conseil municipal de Pau aurait pu « se passer » de la présence de son maire « compte tenu de la situation à Mayotte et de l’urgence d’avoir au plus vite un gouvernement pour doter la France d’un budget ». dès que possible ».
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Mardi, devant les députés, Bayrou a défendu sa présence la veille à Pau en arguant qu' »on n’a pas le droit de séparer les provinces et le cercle des pouvoirs à Paris ».
« Pau est en France (…) J’ai présidé le conseil municipal de ma ville de 19h à 23h. Je considère qu’en agissant ainsi, j’ai aussi rempli mon rôle de citoyen et j’entends défendre l’idée que la citoyenneté n’est pas partagé entre être à Paris et assumer ses responsabilités de citoyen sur le terrain », a-t-il déclaré.
Bayrou, nommé vendredi, n’a pas encore nommé son cabinet, les ministres de l’administration précédente restant pour l’instant dans un rôle intérimaire.