Mardi prochain, François Bayrou s’adressera aux députés pour présenter sa déclaration de politique générale. Jusqu’à cette date, des échanges sont en cours, en particulier avec les formations politiques de gauche, concernant l’élaboration du budget de 2025.
Dans les échanges qui se déroulent depuis plusieurs jours à Bercy entre le ministre de l’Économie et les représentants des partis politiques, le Parti socialiste a proposé de mettre en pause l’entrée en vigueur du relèvement de l’âge de départ à la retraite à 64 ans pendant six mois, offrant ainsi le temps nécessaire pour retravailler la réforme. François Bayrou doit trancher cette question, mais il est évident qu’il le fera avec l’approbation d’Emmanuel Macron. De façon inattendue, cette requête socialiste pourrait être acceptée : selon ceux qui le côtoient, Emmanuel Macron ne s’opposerait pas à l’idée de ne pas relever l’âge légal de la retraite à 64 ans.
« Cessons de faire de la réforme des retraites un symbole identitaire du président, s’insurge un de ses proches. Ce qui compte pour lui, c’est la génération de richesses par le travail pour le pays. La réforme des retraites a été un des outils pour y parvenir ». En d’autres termes : si un autre outil est nécessaire, cela ne pose pas de problème.
Durant la campagne pour les élections européennes, avant la dissolution, Emmanuel Macron avait exprimé sans détour ses regrets de ne pas avoir pu mener à bien la réforme par points, celle qui avait été initiée avant le déclenchement de la pandémie de Covid-19. Sur ce sujet, le président et le Premier ministre sont en parfaite harmonie : juste après sa prise de fonction, François Bayrou avait rappelé son soutien fervent à cette réforme systémique.
À Bercy, des discussions basées sur des éléments concrets
Il revient donc au Premier ministre d’assumer ses responsabilités : « le président définit les orientations, le gouvernement les met en œuvre », aiment répéter les conseillers de l’Élysée. Cependant, pour François Bayrou, suspendre une telle mesure revient à enterrer définitivement son application en raison de son coût élevé et de sa complexité technique. Les socialistes proposent de puiser dans le fonds de réserve comme solution. Pendant ce temps, les experts en droit constitutionnel soulignent qu’un décret pourrait annuler celui qui prévoit le relèvement progressif de l’âge de départ à 64 ans, une option bien plus simple que l’adoption rapide d’une nouvelle législation par le Parlement.
François Bayrou a d’abord opposé un refus catégorique à cette suspension. Face à lui, il a une gauche qui impose cette suspension comme condition indispensable pour éviter une censure. Si aucun camp ne cède, il faudra trouver un compromis, une voie médiane. « Si la conversation se poursuit aussi longtemps, c’est que nous discutons de choses concrètes », explique un conseiller en première ligne. À Bercy, on garde le silence sur l’état d’avancement ou non de ces discussions, pour éviter de compromettre leur réussite.