En félicitant François Bayrou pour l’engagement d’injecter un milliard d’euros de plus dans les établissements hospitaliers publics, Zaynab Riet, qui occupe le poste de déléguée générale à la Fédération hospitalière de France, souligne que l’augmentation des salaires a conduit à une réduction de moitié du nombre de postes d’infirmières vacants.
Nouveau soutien financier pour les hôpitaux : un milliard d’euros en plus
Le jeudi 30 janvier, alors que la commission mixte paritaire poursuit ses discussions pour conclure un consensus sur le budget de 2025 et ainsi éviter une censure, François Bayrou s’engage à accorder un milliard d’euros supplémentaire aux hôpitaux publics en grande difficulté financière. Zaynab Riet, qui est la représentante générale de la Fédération hospitalière de France, saluent ce geste. Elle souligne que cette fédération regroupe 4 800 établissements sanitaires, sociaux, médico-sociaux, et assure la moitié des places en EPHAD.
Un renfort loin d’être suffisant
Cependant, malgré cette aide, les hôpitaux continuent de faire face à un déficit monumental de 3,5 milliards d’euros pour 2024, dont une part considérable de 500 millions d’euros est attribuée à l’AP-HP. Les causes principales de ces difficultés sont l’inflation et les augmentations de salaires non financées par les gouvernements successifs. Néanmoins, Zaynab Riet se réjouit de voir le retour d’attractivité du secteur, avec un nombre de postes vacants en diminution.
Des besoins essentiels et des défis à relever
À la question de savoir si ce soutien financier est crucial pour les établissements hospitaliers qu’elle représente, Zaynab Riet répond affirmativement. Elle insiste sur le fait que l’ensemble de ce financement doit être alloué aux hôpitaux. Elle rappelle aussi l’importance de l’hôpital public, particulièrement en période d’épidémie de grippe, qui met les établissements sous pression.
> « De nos jours, l’hôpital public prend en charge 85 % des patients la nuit et le week-end. »
> — Zaynab Riet, déléguée générale de la Fédération hospitalière de France, lors d’une interview avec 42mag.fr.
Une grande majorité des hospitalisations se fait via les urgences, avec 21 millions de passages aux urgences chaque année en France, dont 89 % sont gérés par les établissements publics.
Un accroissement alarmant des déficits
En analysant le déficit qui a doublé à deux reprises en quatre ans, Zaynab Riet réfute que cela soit dû à une mauvaise gestion. Elle anticipe un déficit de 3,5 milliards d’euros en 2024, indiquant une augmentation significative par rapport aux années précédentes.
L’inflation et le financement insuffisant de celle-ci sont des facteurs clés. Rien que pour l’hôpital public, le sous-financement atteint 1,3 milliard d’euros.
> « L’État a fait un effort pour compenser l’inflation, mais cela reste insuffisant. »
> — Zaynab Riet, à 42mag.fr.
Les hôpitaux, fonctionnant 24 heures sur 24, doivent également faire face à l’augmentation des coûts des énergies, des produits et des matières premières.
Inflation et revalorisations non couvertes
Le milliard octroyé ne suffit pas non plus à combler les besoins, puisque le coût de l’inflation pour l’ensemble des établissements de santé s’élève à 1,8 milliard, sans compter les revalorisations salariales non entièrement financées.
Zaynab Riet évoque les revalorisations salariales, comme celles issues du Ségur de la santé et des heures de nuit, qui, bien que bénéfiques, ont contribué au creusement des déficits faute de financement adéquat.
Cependant, un point positif émerge : la difficulté de recrutement semble diminuer. Les postes vacants sont en recul, tout comme l’absentéisme.
> « Grâce aux recrutements, nous pouvons mieux gérer les remplacements et planifications, ce qui réduit l’absentéisme. »
> — Zaynab Riet, à 42mag.fr.
Vers un financement à long terme
Zaynab Riet milite pour un financement qui serait à la hauteur des besoins, à travers une loi de programmation sur plusieurs années, similaire à celle en vigueur pour le secteur militaire. Elle insiste sur l’importance de concentrer les efforts sur certaines disciplines médicales sous-financées et sur des aspects comme la médecine et la chirurgie de recours, notamment en matière de greffes.
Un soutien financier structurel pourrait alors véritablement renforcer la capacité des hôpitaux à surmonter les défis actuels.