Dans un environnement complexe pour l’industrie cinématographique mondiale, les productions françaises ont généré 250 millions d’euros, enregistrant une diminution de 11 % comparé à 2023, d’après les données fournies par Unifrance.
Le cinéma français se porte remarquablement bien dans l’Hexagone, même si ses productions rencontrent un peu moins de succès à l’international. En effet, l’an dernier, les films français ont attiré 38,1 millions de spectateurs hors de leurs frontières, principalement grâce à l’Allemagne et à la Russie, ceci malgré un contexte mondial plutôt compliqué pour le secteur cinématographique.
Les résultats à l’exportation pour les films français, qui avaient régulièrement augmenté chaque année après la pandémie de Covid, ont connu une baisse de 11 % cette fois-ci, selon des informations publiées le lundi 13 janvier par Unifrance, une organisation dédiée à la promotion du cinéma et de l’audiovisuel français dans le monde. Les films tricolores ont généré 250 millions d’euros de chiffre d’affaires.
« Retour à une situation traditionnelle »
Ces résultats seraient plutôt synonymes d’un « retour à une situation traditionnelle », d’après le président d’Unifrance, Gilles Pélisson, interrogé par l’AFP. La situation en France, marquée par des records de fréquentation des salles, contraste avec celle des autres pays, où les cinémas ont plus de difficultés. En dehors des sorties en salles, Unifrance souligne également des « progrès notables » sur les plateformes numériques, où les nouveautés françaises, sans rivaliser avec les productions américaines ou britanniques, dépassent néanmoins les œuvres sud-coréennes, pourtant très en vogue.
L’année 2025 pourrait s’avérer prometteuse, à en juger par les diverses distinctions obtenues aux États-Unis, comme les quatre Golden Globes décro chés par le film Emilia Pérez de Jacques Audiard, selon Gilles Pélisson. Quant au film Un p’tit truc en plus, qui a été un grand succès en France, il commence à être « vendu et diffusé dans divers pays, bien que les chiffres d’entrées ne soient pas encore au rendez-vous ».
« L’attrait russe pour le français »
L’année dernière, l’Allemagne s’est avérée être le pays le plus friand de films français, avec 4,1 millions d’entrées. Un phénomène renforcé par le succès d’Anatomie d’une chute, lauréate de la Palme d’or 2023, portée par l’actrice allemande Sandra Hüller.
La Russie occupe la deuxième place, avec 3,7 millions d’entrées, à la suite de l’arrêt de la diffusion officielle de films américains après l’invasion de l’Ukraine. Bien que des sanctions économiques aient été imposées à Moscou, elles n’empêchent pas l’exportation de films français, même si certaines œuvres ont choisi de ne plus s’y diffuser.
La Russie reste un marché significatif, avec des entrées annuelles variant entre 1 et 6 millions sur la dernière décennie. Gilles Pélisson affirme qu’il existe « un intérêt des Russes pour notre cinéma et une forte affinité culturelle ». Ce lien remonte à l’ère soviétique, explique Maxime Erchov, critique de cinéma russe, qui rappelle la popularité passée des comédies françaises mettant en avant des acteurs tels que Pierre Richard, Gérard Depardieu ou Louis de Funès.
Avec la disparition des blockbusters américains, « les distributeurs russes se tournent davantage vers les productions françaises », affirme Erchov. Le film Le Comte de Monte-Cristo a par exemple suscité leur intérêt, tandis qu’ils attendent impatiemment la sortie en février d’un biopic sur Saint-Exupéry, avec Louis Garrel.
Pour Pavel Verechtchaguine, à la tête d’un distributeur russe, le cinéma français occupe une « niche stable » en Russie : « il ne rivalise pas directement avec les blockbusters locaux ou américains d’avant 2022, mais reste attractif », notamment grâce à des figures marquantes comme Jean Reno ou Vincent Cassel. Les films de Luc Besson, Valérian et la Cité des mille planètes (2017) et Lucy (2014), avaient d’ailleurs attiré chacun plus de trois millions de spectateurs russes.
La réussite internationale du « Comte de Monte-Cristo »
D’une manière générale, la nouvelle adaptation du Comte de Monte-Cristo avec Pierre Niney a réalisé une belle carrière à l’international, ce qui était précisément prévu dans sa conception. Ce film s’est imposé comme le grand succès français de l’année à l’étranger, avec 3,3 millions d’entrées et 20,7 millions d’euros de recettes dans 54 pays, y compris en Belgique, au Luxembourg, en Bulgarie et en Ukraine.
Anatomie d’une chute a continué à captiver les cinéphiles du monde entier, atteignant 4,9 millions d’entrées depuis sa sortie, dont 3,2 millions l’an dernier. Enfin, Le Dernier jaguar, un film d’aventures familial qui n’a réalisé qu’un million d’entrées en France, a rassemblé 2,4 millions de spectateurs à l’étranger.