Les déclarations de François Bayrou concernant le « sentiment de submersion » lié à l’immigration ont suscité une vive controverse, en particulier dans les rangs de la gauche. En plus de l’indignation exprimée par une fraction du monde politique, ces paroles pourraient-elles influencer l’avenir de l’administration qu’il représente ?
François Bayrou a suscité une vive controverse politique menaçant la stabilité de son gouvernement à cause d’un terme précis. En employant le mot « submersion » pour décrire un « sentiment » croissant chez certains Français face à l’immigration, le Premier ministre a pris un risque considérable. Ce choix lexical compromet les négociations délicates avec les socialistes concernant le budget, d’autant plus que l’idée de « submersion migratoire » est historiquement associée à l’extrême droite.
Depuis les années 1960, l’idéologue Dominique Venner a introduit cette notion, reprise ensuite par les Le Pen, figures emblématiques du Front National puis du Rassemblement National. Éric Zemmour, quant à lui, l’utilise pour nourrir le concept controversé du « grand remplacement ». Bien que François Bayrou ait tenté de justifier son propos en le rattachant à la situation à Mayotte, ses explications n’ont pas dissipé la polémique. Il persiste à défendre son usage de « submersion ».
Interruption des discussions avec le Parti Socialiste
Face à cette situation, les membres du Parti Socialiste expriment leur indignation, accusant François Bayrou de favoriser l’avènement de l’extrême droite. Par conséquent, le PS a choisi de suspendre sa participation aux discussions. La question se pose : iront-ils jusqu’à bloquer le budget national ? Cela semble complexe. Premièrement, sur le fond, Bayrou a écarté l’idée d’une grande réforme de l’immigration, applaudie par Bruno Retailleau, et également écarte la possibilité de référendum sur ce sujet. De plus, il considère l’impact des « apports étrangers en France » comme « positif », à condition qu’une limite soit respectée, un discours qui rappelle celui de François Mitterrand en 1989, où il évoquait le « seuil de tolérance » des immigrants sur le territoire.
En outre, même si le pays n’est pas concrètement « submergé » par l’immigration, le sentiment de submersion évoqué par Bayrou résonne effectivement dans une partie de l’opinion publique. Selon une étude récente « Fractures françaises » réalisée par Ipsos en décembre, 63% des sondés ressentent qu’en raison de l’immigration, le cadre de vie a changé et deux tiers, soit 65%, estiment que le nombre d’étrangers est excessif en France.
Toutefois, cette controverse n’a pas engendré que des cartes perdantes. Une possible gagnante émerge sous les traits de Marine Le Pen. En manque de stratégie claire et spectatrice des débats qui ont relégué le RN en arrière-plan, elle bénéficie de cette focalisation sur la terminologie employée par Bayrou. Cela pourrait potentiellement renforcer sa position stratégique, à moins que le PS ne choisisse de voter la censure. Comme souvent, la force principale de l’extrême droite provient des faiblesses de ses rivaux.