La ministre de la Culture a dévoilé son plan d’action, soulignant ses intentions dans divers secteurs, allant de la danse urbaine aux zones de camping, tout en reconnaissant les limites financières.
Lors de ses vœux présentés le lundi 27 janvier, la ministre de la Culture Rachida Dati a dévoilé un programme ambitieux et original, allant de la réorganisation prochaine de l’audiovisuel public à la mise en place d’une « fondation pour l’art contemporain », en passant par l’organisation d’un « été culturel » dans les campings.
« Ce ministère incarne la culture pour tous les Français dans leur quête de savoir et d’art », a affirmé Dati devant un parterre de professionnels de la culture et des médias rassemblés au Palais de la Porte Dorée à Paris, continuant de favoriser l’inclusion depuis son entrée en fonction rue de Valois en janvier 2024.
Dynamiser l’art contemporain en France
Parmi ses nombreuses propositions, Rachida Dati a suggéré « de créer une grande institution pour l’art contemporain français, s’inspirant du modèle public-privé utilisé par la Fondation du patrimoine ». Elle a également exprimé son souhait de concrétiser « un projet de National Trust version française » pour le soin et la promotion des « 45 000 monuments nationaux » existants.
Confirmant le lancement de « la Maison des cultures urbaines, future Maison du hip-hop, dans le cadre exceptionnel de La Villette à Paris, dévoilé en mars », la ministre veut aller à la rencontre des publics souvent éloignés des structures culturelles et prévoit pour cet été « une série d’événements dans les campings ». Elle n’exclut pas non plus la création éventuelle d’un « musée du cinéma ».
Un nouvel encadrement pour l’audiovisuel public
Mise de côté en raison des remaniements successifs, la transformation de l’audiovisuel public devrait, quant à elle, aboutir « avant l’été ». Le scénario envisagé consiste à créer une société mère, France Médias, regroupant quatre entités : France Télévisions, Radio France, France Médias Monde (FMM) ainsi que l’Institut national de l’audiovisuel (Ina).
Rachida Dati a exprimé le souhait d’une fusion des acteurs de l’audiovisuel public, mais la création d’une structure de holding pourrait obtenir une approbation plus large tant à l’Assemblée nationale que parmi les entreprises concernées. La ministre souhaite aussi que la culture occupe une place centrale lors du sommet parisien sur l’IA, prévu les 10 et 11 février. « Innovation et régulation doivent marcher de concert, car c’est ce duo qui a permis aux plus grandes réalisations culturelles françaises de voir le jour. Renoncer à l’un des deux nous condamnerait à un déclassement », a-t-elle lancé.
Des ajustements financiers
Face à la réduction des budgets consacrés à la culture et l’audiovisuel public dans le projet financier 2025, discuté en commission mixte paritaire jeudi 30 janvier, Rachida Dati se dit « prête à soutenir un budget équilibré, même si cela inclut certains efforts nécessaires ».
« Je me suis assuré que cet effort soit mesuré et nous procure en 2025 les ressources essentielles », a-t-elle proclamé, répondant ainsi à des collectifs du spectacle vivant, « mécontents », qui lui ont récemment demandé une « entrevue » pour « rediscuter » ces financements.
« Je souhaite m’adresser à vous »
Interpellée par une poignée d’artistes engoncés dans des couvertures métalliques qui lui tournaient le dos, la ministre a exprimé le désir de dialoguer directement : « J’ai envie de partager mon point de vue, j’ai choisi la collaboration, et nous continuerons à travailler ensemble au-delà du cadre budgétaire ». Toutefois, le sujet de l’état préoccupant du Louvre, visité par le président Emmanuel Macron le 28 janvier, n’a pas été abordé.
Rachida Dati a également commenté divers sujets de société, en particulier le mouvement #MeToo, qui secoue fortement le secteur culturel. « En 2025, nous allons redoubler d’efforts pour prévenir ces violences [sexistes et sexuelles] et soutenir les personnes touchées, avec tolérance zéro pour ceux résistant encore au changement », a-t-elle affirmé.
Réaffirmer la liberté
« Lutte pour la culture signifie avant tout lutte pour la liberté, liberté de création, liberté d’expression », a-t-elle aussi clamé, citant aussi bien l’incarcération de l’écrivain Boualem Sansal en Algérie que les « censures, actes de dégradation, menaces et intimidations numériques contre les artistes ».
Justifiant le choix de présenter ses vœux depuis le Palais de la Porte Dorée, siège du musée de l’histoire de l’immigration, Rachida Dati a conclu en rejetant les « polémiques sur l’immigration qui ne cessent de diviser ».