Le second long-métrage des cinéastes iraniens Maryam Moghaddam et Behtash Sanaeeha célèbre la liberté, le bonheur et l’affection, dans une nation où ces concepts sont interdits.
Après leur film Le Pardon, Maryam Moghaddam et Behtash Sanaeeha, réalisateurs iraniens, offrent un nouveau long-métrage soulignant les tensions de la société iranienne sous le contrôle oppressif des figures religieuses. Mon gâteau préféré, à la fois commentaire politique et célébration de la liberté et de l’allégresse, arrive dans les cinémas le mercredi 5 février.
A Téhéran, Mahin, une femme de 70 ans, habite seule dans sa vaste demeure. Ses enfants vivent désormais en Europe. Chaque année, elle convie ses amies de longue date autour d’un repas, mais cette année, elle ressent particulièrement sa solitude. Elle décide de s’engager dans une nouvelle aventure.
Déterminée à défier les normes rigides qui régissent la vie des femmes dans son pays, elle entame une quête dans les rues de Téhéran à la recherche de nouvelles rencontres. Son courage la mène à une soirée mémorable avec Faramarz, un chauffeur de taxi, lui aussi en proie à l’isolement.
Jouissances proscrites
Dans Le Pardon, Moghaddam et Sanaeeha avaient narré l’histoire d’une jeune femme tourmentée par l’arrestation et la condamnation à mort de son époux. Avec Mon gâteau préféré, ils présentent le quotidien d’une septuagénaire solitaire à Téhéran. Mahin, en raison de sa situation, subit encore plus les lois restrictives imposées aux femmes par les autorités religieuses du pays.
Elle fait preuve d’une grande témérité en quittant seule son domicile, en fréquentant un restaurant et en étant ouverte à la compagnie d’un inconnu qu’elle invite chez elle, sous l’œil vigilant de son voisinage.
Mahin et son compagnon du soir partagent un moment empreint de risques, savourant des plaisirs simples tels que boire un verre de vin, danser, et profiter du jardin de la maison tout en dégustant les mets préparés par Mahin.
Vivant pleinement chaque instant, Mahin prend des positions courageuses face aux injustices, comme lorsqu’elle défend un groupe de jeunes filles arrêtées par la police des mœurs pour des raisons infondées.
Sous le regard scrutateur de la ville
A travers l’histoire de cet amour naissant entre deux âmes mûres, les réalisateurs dressent un portrait poignant de la société iranienne. Mon gâteau préféré est un hymne à la joie, aux plaisirs interdits et à l’amour, montrant comment les lois restrictives d’un régime religieux oppressif minent le fonctionnement social et empoisonnent la vie quotidienne.
Avec une mise en scène minimaliste axée sur le bouleversement quotidien de deux êtres solitaires qui se trouvent enfin, Maryam Moghaddam et Behtash Sanaeeha posent une déclaration en faveur de la liberté. Le film, en compétition à la Berlinale 2024, a provoqué l’ire des autorités iraniennes qui ont confisqué leurs passeports aux réalisateurs.
« Dans ce contexte difficiles, nous nous efforçons toujours de montrer la réalité de notre société dans nos films, une réalité souvent déformée par la censure », ont-ils affirmé dans une lettre adressée au festival.
La performance de Lily Farhadpour, émouvante dans la peau de cette femme mûre en quête de renouveau, est remarquable, tout comme celle d’Esmaeel Mehrabi, touchant dans le rôle de Faramarz, son compagnon d’une nuit marquante.
La conclusion, surprenante, nous invite à réfléchir à la précarité du bonheur, qu’il est impératif de saisir lorsqu’il se présente, en dépit des obstacles, surtout dans un contexte de restrictions liberticides.

Informations
Genre : Comédie dramatique / Drame / Romance
Réalisatrices : Maryam Moghaddam, Behtash Sanaeeha
Acteurs : Lily Farhadpour, Esmaeel Mehrabi, Mansoore Ilkhani
Pays : Iran / France / Suède / Allemagne
Durée : 1h36
Sortie : 5 février 2025
Distributeur : Arizona Distribution
Synopsis : Mahin, une septuagénaire vivant seule à Téhéran, ose défier les interdits en cherchant à raviver sa vie amoureuse. Elle rencontre Faramarz, un chauffeur de taxi, et ensemble, ils partagent une soirée inoubliable.