Le ministre français chargé de la Justice doit se rendre à Rome ce lundi pour se rendre au centre pénitentiaire de Rebibbia. Dans cet établissement, environ cinquante prisonniers liés à des organisations criminelles sont placés sous un régime strict d’isolement accompagné d’une surveillance très rigoureuse.
Sous le nom de code 41-bis, Gérald Darmanin, va se rendre à Rome, en Italie, le lundi 3 février, pour une visite d’observation du système pénitentiaire italien destiné aux prisonniers les plus redoutables. Cette démarche s’inscrit dans son initiative de créer un centre de détention de haute sécurité pour les principaux trafiquants de drogue.
Le ministre français de la Justice souhaite explorer le centre de détention de Rebibbia à Rome, où environ cinquante détenus liés au crime organisé sont soumis à un régime d’isolement strict et à une surveillance rigoureuse. L’objectif est de déterminer si un tel système pourrait être mis en œuvre en France pour les trafiquants de drogue les plus dangereux, que Gérald Darmanin envisage de regrouper dans « une prison de haute sécurité« . L’idée est de les priver de tout moyen de contact incontrôlé avec l’extérieur et de les empêcher de poursuivre leurs activités illicites depuis leur cellule.
« La prison sévère »
En Italie, ce type de régime existe déjà, ayant vu le jour au tournant des années 1980-1990, au moment le plus intense de la lutte contre la mafia. Désigné sous le code 41-bis, ce système, souvent critiqué par les organisations de défense des droits humains, s’applique principalement aux détenus accusés de crimes mafieux et terroristes.
Initié en 1975 pour prévenir les révoltes en prison, le régime de « carcere duro« , ou « prison sévère », a été étendu après une série d’attentats et de meurtres orchestrés par la mafia dans les années 1980 et 1990. L’article 41-bis de la réglementation pénitentiaire suspend concrètement les conditions normales de détention.
Dans la pratique, les détenus sous ce régime vivent dans un isolement total. Ils ne peuvent interagir qu’avec un maximum de trois autres détenus, sortir seulement deux heures par jour de leur cellule, et bénéficier d’une visite au parloir et d’un appel téléphonique par mois, qui sont intégralement enregistrés. Même les objets personnels sont soumis à des restrictions, y compris la taille des photographies permises. L’une des finalités est de diminuer l’influence des chefs mafieux. Le régime de « prison sévère » s’applique durant quatre ans initialement et peut être prolongé tous les deux ans indéfiniment. Cette mesure est appliquée sur l’ordonnance du ministère de la Justice italien. Bien qu’un recours soit théoriquement possible devant un tribunal, il est presque systématiquement rejeté. De plus, le personnel de surveillance, appartenant à une unité spéciale de la police pénitentiaire, est déplacé tous les six mois pour éviter des rapprochements avec les détenus, notamment dans les régions historiques de la mafia.
D’après les statistiques de février 2024, 725 prisonniers étaient assujettis à ce régime, dont quatre terroristes, alors que les autres étaient affiliés aux plus grandes organisations mafieuses et groupes criminels organisés d’Italie. Ce qui distingue le système italien, en dehors de sa rigueur, est le nombre important de détenus concernés. Parmi les critiques, figure notamment le fait que les détenus ne bénéficient quasiment d’aucun contact pendant des années, rendant difficile l’évaluation de leur état d’esprit après leur libération.