L’administration a choisi de ne pas approuver, sous sa forme actuelle, le nouvel accord d’indemnisation du chômage résultant de l’entente conclue entre les syndicats et les employeurs environ dix jours auparavant. Le gouvernement exige des assurances.
Généralement, l’approbation d’une nouvelle convention d’assurance-chômage se fait sans surprise. Habituellement, une fois qu’un consensus a été atteint entre les acteurs sociaux sur de nouvelles modalités d’indemnisation pour les chômeurs, suite à de multiples discussions, l’Etat valide l’accord. Cependant, ce n’est pas le cas cette fois ! Ce mardi 28 novembre, le gouvernement se donne un sursis et exige des assurances à la fois des syndicats et du patronat.
L’État souhaite avoir la certitude que les économies prévues sur l’emploi des seniors seront effectivement réalisées. Selon l’accord conclu par les partenaires sociaux le vendredi 10 novembre, 440 millions d’euros seront économisés entre 2024 et 2027 uniquement sur le secteur senior. Cependant, ils étaient muets sur la méthodologie et les mesures à mettre en place pour atteindre cet objectif. Et pour cause, cette question a été reportée à une future négociation – une négociation en parallèle de la négociation principale – qui doit démarrer sous peu.
Le gouvernement attend l’aboutissement de cette négociation ainsi que la confirmation que les syndicats et le patronat vont mettre en œuvre toutes les économies envisagées avant de donner son accord. L’État donne aux partenaires sociaux jusqu’à juin 2024. En d’autres termes, le gouvernement reprendrait les rênes et passerait outre les partenaires sociaux qui sont actuellement en charge de l’assurance chômage.
Le gouvernement serait alors le seul décideur des modalités d’indemnisation des chômeurs. Ni les syndicats, ni le patronat ne souhaitent cette issue car ils perdraient un pouvoir significatif. Le gouvernement fait donc pression sur eux pour qu’ils agissent sur l’emploi des seniors. Cette menace sert à encourager les partenaires sociaux à engager le dialogue, à chercher des compromis et à faire front commun face au gouvernement.
Assistons-nous à un regain d’intérêt pour l’intersyndicale ?
Cette situation provoque des réactions variées parmi les syndicats. La CFDT voit le côté positif en estimant que le gouvernement aurait pu refuser purement et simplement l’accord plutôt que de simplement accorder un délai. En revanche, pour FO et la CGT, c’est une preuve supplémentaire du manque de confiance d’Emmanuel Macron envers le dialogue social. Tous les syndicats s’apprêtent à se rencontrer vendredi 1er décembre pour discuter de la suite à donner à l’intersyndicale.
Les partenaires sociaux sont conscients que l’assurance chômage ne suscite pas autant l’attention des Français que les retraites ou les salaires. Au contraire, l’idée de durcir les conditions des chômeurs a plutôt du succès auprès du public. C’est également le pari du gouvernement, qui compte serrer la ceinture en vue de réaliser son ambition d’atteindre le plein-emploi d’ici la fin du quinquennat.