Les soutiens d’Imran Khan, derrière les barreaux depuis août, ont diffusé une missive audio de l’ancien dirigeant gouvernemental à travers une voix synthétisée sur les plateformes sociales. Cette tactique met en lumière les frictions qui existent dans le paysage politique pakistanais, à la veille des élections législatives imminentes.
Un enregistrement audio de quatre minutes a été relayé le 18 décembre sur plusieurs plateformes dont Facebook, X et Youtube. On y entend une voix artificielle, comme le précise le texte accompagnant le message, sur des images d’archives d’Imran Khan, ancien Premier ministre du Pakistan. « Vous vous interrogez peut-être sur les raisons de ma présence en prison. Je tiens à préciser qu’en tant que défenseur des vraies libertés du Pakistan, je considère comme mon devoir d’y rester. Notre parti n’a pas l’autorisation d’organiser des rassemblements publics. Nos sympathisants sont kidnappés, leurs proches subissent du harcèlement. J’en appelle à mes compatriotes pour qu’ils se mobilisent et votent », est-il dit dans la vidéo.
C’est un appel aux urnes en vue des élections législatives de février 2024. L’ex-Premier ministre, inquiet d’être écarté suite aux accusations portées contre lui, attend le jugement dans plusieurs affaires, certaines concernent notamment la fuite présumée de documents d’État. À 71 ans, l’ancien athlète de cricket, qui est devenu ancien chef du gouvernement, est toujours très populaire.
Son arrestation au printemps dernier, qui a été suivie de son emprisonnement en août, a engendré de grandes manifestations et une répression sévère. Presque tous les leaders du parti ont été contraints à la clandestinité. Plus tôt en décembre, Imran Khan a dû faire face à une rébellion au sein du parti PTI, qu’il a créé en 1996, le Mouvement du Pakistan pour la Justice.
Procédures contre d’autres personnalités politiques
Les conflits entre les politiciens pakistanais et le système judiciaire du pays ne sont pas rares. En arrière-plan de nombreuses affaires judiciaires-politiques, on trouve souvent l’influence de l’armée pakistanaise qui a gouverné le pays pendant de nombreuses années. Le chef d’état-major actuel est considéré comme un rival d’Imran Khan, qui dénonce constamment l’influence cachée de l’armée. D’autres personnages politiques importants sont fréquemment la cible de procédures judiciaires. C’est le cas de Nawaz Sharif, un autre ancien Premier ministre, qui a pourtant obtenu plusieurs victoires judiciaires récemment.