Le film documentaire, produit par Alexandre Darmon et Matthieu Mares-Savelli, sera projeté sur la chaîne France 5 ce dimanche à 21h05.
Le 6 juillet 2020, le président Emmanuel Macron nomme Eric Dupond-Moretti comme chef du ministère de la Justice. Connu comme l’avocat le plus en vue en France, il avait auparavant déclaré qu’il « ne se verrait jamais accepter un poste de ce genre. » Le nouveau Premier Ministre, Gabriel Attal, le maintient à son poste le jeudi 11 janvier. Le jugement d’Eric Dupond-Moretti en 2023 est le sujet principal du documentaire Le Ministre qui ne devait pas l’être, diffusé sur France 5, réalisé par Alexandre Darmon et Matthieu Mares-Savelli. Ils ont suivi Dupond-Moretti de près, de son entrée dans le gouvernement jusqu’à son procès en 2023.
L’ancien avocat vedette est le seul ministre de la Cinquième République encore en exercice à avoir comparu devant la Cour de justice de la République. Pour ses spectaculaires plaidoiries et ses acquittements impressionnants, il est largement médiatisé. Notamment connu pour son caractère passionné, il est une figure emblématique des tribunaux, bien que sa carrière politique soit encore récente. Il projette de restructurer profondément l’institution et de laisser sa propre empreinte sur le ministère de la Justice. Voici trois moments marquants tirés du documentaire qui lui est consacré.
À la recherche d’un soutien électoral lors des élections régionales de 2021 : « C’est assez bien de se confronter à une campagne »
Pour lutter contre le parti du Rassemblement national (RN), Eric Dupond-Moretti décide de se présenter aux élections régionales dans les Hauts-de-France en juin 2021. C’est un challenge pour ce natif du Nord, puisque la majorité présidentielle ne recueille que 10% des suffrages dans cette région, qui est le fief électoral de Marine Le Pen depuis quinze ans. À ce moment-là, la présidente du RN rejette l’offre de débat du ministre de la Justice.
Le ministre de la Justice se livre dans un documentaire qui lui est dédié. –
(France 5/ 3ème oeil)
« Il y a, je pense, un certain mérite à se lancer dans une campagne électorale lorsqu’on provient du monde extérieur », admet Eric Dupond-Moretti. « C’est une manière de rechercher une légitimité ». Tandis qu’il parcourt les rues de Péronne (Somme), Damien Rieu, le candidat du Rassemblement national aux élections régionales, le défiE. Une altercation verbale s’ensuit entre les deux hommes à une terrasse de café.
Quand le cinéaste montre ces images à Dupond-Moretti et lui demande comment il se sent, le ministre reconnaît que : « Oui, j’aurais dû ignorer. Même lorsque vous faites de la politique et que vous vous engagez, vous gardez votre humanité. Il y a de belles choses et d’autres un peu moins agréables dans cette humanité. Je n’aurais pas dû perdre mon sang-froid ».
En apparence détendu avant sa mise en examen pour prise illégale d’intérêts en 2023 : « Moi, j’ai piscine. »
En 2021, on soupçonne Eric Dupond-Moretti d’avoir abusé de son autorité comme garde des Sceaux, pour régler des comptes judiciaires liés à son métier d’avocat. Il aurait demandé des enquêtes administratives sur des juges avec qui il avait eu des différends pendant sa carrière. Le 16 juillet 2021, quelques heures avant de découvrir s’il sera mise en examen, il blague avec sa directrice de cabinet, Véronique Malbec, dans son bureau de la Chancellerie. « Moi, j’ai piscine (…) Pour te faire rire, avant de partir, je vais lire mon horoscope : ‘Réussite, quel courage ! On ne pourra pas vous arrêter. N’en faites pas trop tout de même' ».
Le garde des Sceaux à l’Assemblée nationale –
(3ème œil, France 5)
Peu de temps après, la nouvelle est tombée : la mise en examen du ministre est confirmée. « Ce n’est pas facile à vivre. Mais il faut faire semblant de ne pas être trop affecté », confie Eric Dupond-Moretti. À l’issue de son procès d’une semaine, le ministre de la Justice est finalement acquitté, le 29 novembre 2023.
Regrettable geste de désinvolture à l’Assemblée en 2023 : « Je ne suis pas fier de ça »
Avec sa mise en examen, Eric Dupond-Moretti se trouve en position de faiblesse face à ses adversaires, en particulier à l’Assemblée nationale. À l’époque, le ministre s’emploie à rédiger un projet de loi qui lui tient à cœur : la présomption d’innocence. En mars 2023, un débat particulièrement agité a lieu à l’Assemblée sur l’inéligibilité des élus condamnés pour violence conjugale. Olivier Marleix, le président du groupe Les Républicains, évoque avec sarcasme les nombreuses mises en examen dans l’entourage d’Emmanuel Macron, visant en particulier le ministre, qui fait plusieurs bras d’honneur en réponse.
Le ministre de la Justice mis en examen pour prise illégale d’intérêt. –
(3éme œil/ France 5)
Dans le documentaire, il exprime des remords. « Je ne suis pas fier de cela. J’ai dit que vous (se tournant vers Marleix) avez bafoué la présomption d’innocence avec un geste que je ne vais pas refaire ici. Le geste a été interprété de manière excessive. Cela me dérange de l’avoir fait, mais la présomption d’innocence, j’y tiens beaucoup ». L’incident oblige le ministre à présenter des excuses publiques et à s’expliquer avec la Première ministre, Elisabeth Borne. « C’est moi qui l’ai appelée (…) C’est normal, étant donné le trouble politique qui a suivi. »
Le documentaire Le Ministre qui ne devait pas l’être, réalisé par Alexandre Darmon et Matthieu Mares-Savelli, sera diffusé le dimanche 14 janvier à 21h05 sur France 5 et sur la plateforme france.tv.