Cette initiative législative, portée par divers représentants de différentes tendances politiques, a pour ambition d’introduire de nouvelles prérogatives dédiées aux parents solos, et de combattre la vulnérabilité des foyers composés d’un seul parent.
Au coeur du débat parlementaire, un projet de loi bipartite. Dans une démarche unifiée, des membres de divers partis politiques (LFI, Renaissance, PS, Liot, MoDem, écologistes, communistes) coopèrent dans le but d’introduire une loi dédiée à la « lutte contre l’instabilité des familles monoparentales ». Ce projet, dont plusieurs dispositions pourraient être passées en revue en mai, propose la mise en place d’un « statut du parent seul », comportant de nouveaux droits spécialement pour les parents uniques, dont le versement des allocations familiales à partir du premier enfant.
Le principal objectif du projet est de soutenir les mères seules. En effet, le modèle familial monoparental de nos jours concerne, dans 83% des cas, les femmes. Elles forment d’ailleurs en grande partie les files d’attente pour les aides alimentaires. On estime le nombre de familles monoparentales entre 1,5 et 2 millions, soit deux fois plus qu’il y a 30 ans. Cette loi est vue comme le début d’une amélioration pour les mères seules qui, pour diverses raisons, vivent en marge des normes sociales et subissent en plus de l’instabilité financière, le jugement et la stigmatisation, ou au mieux l’indifférence et un manque de soutien. Et ce n’est pas un phénomène récent.
Une évolution lente et difficile
Dès 1556, un décret d’Henry II ordonnait aux femmes célibataires et aux femmes enceintes de se déclarer auprès des fonctionnaires royaux, sous peine de bannissement ou de flagellation. Connu sous le nom de « filles-mères » au XIXe siècle, la situation de ces femmes a été synonyme de déshonneur simplement parce qu’elles vivaient sans époux. Pour obtenir quelque aide que ce soit, il a fallu attendre 1912, quand une loi a forcé les pères à reconnaître leur paternité, mais cela n’a pas suffi à les sortir de la pauvreté. On se rappelle de la misère de Fantine, obligée de confier Cosette aux Thénardier. Victor Hugo a illustré cette situation en écrivant que « le mépris glacial et amer des passants s’infiltrait au plus profond de sa chair et de son âme comme une bise ».
Il reste à voir si cette proposition de droits spécifiques bénéficiera ou non d’un accord général parmi les députés, et dans la société en général. D’ailleurs, le journal Le Monde rapportait le 1er avril qu’une quarantaine de mères seules et leurs 76 enfants risquent d’être expulsés de leur logement à Blois, par décision du conseil départemental. Il n’est jamais trop tard pour réparer les erreurs du passé.