En France, le domaine des transports est celui qui génère le plus d’émissions. Une solution prometteuse pour réduire son impact environnemental réside dans la conversion des véhicules à moteurs thermiques en modèles électriques.
Ce texte a initialement été publié en 2023 par Nowu, un média spécialisé dans l’écologie.
En France, les transports étaient responsables de 32 % des émissions de gaz à effet de serre en 2022, d’après le dernier rapport du Haut Conseil pour le Climat, et les voitures individuelles représentaient plus de la moitié de ces émissions.
Il est donc crucial de trouver des solutions pour atténuer leur impact et ainsi freiner le changement climatique. À cet égard, le rétrofit électrique pourrait bien être une option à explorer.
En quoi consiste le rétrofit ?
Le rétrofit est une procédure de modernisation. Dans le secteur du transport, ce terme est fréquemment employé pour décrire l’addition d’une motorisation électrique à un véhicule qui n’en était pas équipé initialement.
Par exemple, cela peut consister à remplacer le moteur à combustion d’une voiture par un moteur électrique, ou à installer une batterie sur un vélo standard. Ces transformations se réalisent grâce à des « kits de rétrofit », qui sont des ensembles de composants adaptés à chaque véhicule.
Le rétrofit pour les automobiles est-il pertinent ?
Il existe une distinction notable entre les véhicules thermiques et les électriques. Pour les premiers, c’est l’usage du carburant nécessaire au déplacement qui a la plus grande empreinte écologique. Pour les seconds, c’est la fabrication des batteries qui pose problème.
Il convient de calculer si les économies réalisées sur la route par un véhicule électrique compensent l’impact de la production des batteries.
« D’un point de vue climatique, le véhicule électrique devient plus avantageux que le véhicule thermique après 70 000 km parcourus en France et 200 000 km en Allemagne. »
Anne de Bortoli, chercheuse et spécialiste en analyse du cycle de vie
Cet écart s’explique par le mix électrique différent entre les deux pays. La France utilise majoritairement l’électricité d’origine nucléaire, qui est peu émettrice de carbone, tandis que l’Allemagne dépend davantage des énergies fossiles, très polluantes.
En ce qui concerne spécifiquement le rétrofit, une étude de l’Ademe a analysé les émissions de gaz à effet de serre de trois scénarios différents.
La destruction d’une voiture diesel après dix ans d’usage et l’achat d’un modèle électrique neuf permet de réduire les émissions de 47 % par rapport au maintien en circulation du véhicule thermique durant encore dix ans. En optant pour le remplacement du moteur thermique par un moteur électrique sur le même véhicule, les émissions diminuent de 66 % au lieu de 47 %.
Ainsi, le rétrofit permet de diminuer réellement l’empreinte écologique de votre véhicule, en évitant de construire une nouvelle carrosserie et en cessant d’utiliser du carburant.
À partir d’une voiture thermique, on n’a pas besoin de ré-extraire les matériaux métalliques et autres matières, ce qui prévient la libération de substances dans l’air, l’eau, et le sol, limitant ainsi les impacts environnementaux et sanitaires.
Anne de Bortoli, chercheuse et experte en analyse du cycle de vie
Pour les véhicules plus lourds tels que les bus ou camions, les émissions chutent de 87 % en passant d’un diesel à un modèle rétrofité.
Le rétrofit pour les engins plus légers
En ce qui concerne les bicyclettes ou trottinettes, les calculs diffèrent.
Vu que la masse à transporter est bien plus faible qu’une automobile, les émissions durant l’usage sont basses. Ce qui importe surtout, c’est la phase d’extraction des matières premières, représentant près de 95 % des émissions.
Anne de Bortoli, chercheuse et experte en analyse du cycle de vie
En intégrant une assistance électrique à un vélo standard, l’impact environnemental augmente à cause de la production de la batterie. Cependant, remplacer une voiture par un vélo électrique réduit sensiblement les émissions de gaz à effet de serre.
Concernant les vélos, Aurore Fabre Landry, consultante en mobilité durable, souligne toutefois la nécessité de prudence : « Un vélo électrifié a une masse plus élevée et roule plus vite qu’un vélo classique, ce qui peut entraîner des soucis liés à la solidité du cadre et au système de freinage, qui ne sont pas toujours dimensionnés pour cela. »
Il convient donc de rester vigilant.