Le contrôle technique est une obligation légale pour les automobilistes dont le véhicule a plus de quatre ans. Malgré sa nécessité, il est souvent redouté par les propriétaires de voitures. Afin d’éviter cette procédure, certains choisissent d’utiliser des certificats de complaisance ou des faux, ce qui est illégal et met en danger la sécurité routière.
Il y a deux années, Patrice Noly était persuadé d’avoir trouvé un bon plan sur Internet. Un 4×4 vendu pour 10 800 euros et dont le contrôle technique ne révélait aucun problème à l’époque. « L’offre était correcte, 123 000 km, le véhicule semblait presque neuf« , déclare-t-il. Mais quelques semaines plus tard, alors qu’il était au volant, le véhicule a perdu tout contrôle : « Le moteur s’est éteint, la voiture s’est arrêtée complètement, le châssis s’est littéralement coupé en deux« . Patrice s’est alors rendu chez son garagiste et a été abasourdi par le nouveau contrôle technique qui mentionnait huit défauts majeurs et notamment une « grave fêlure » et une « corrosion excessive » de la structure du véhicule. Le rapport de l’expert mandaté était encore plus accablant et avertissait d’une « dangerosité d’utiliser le véhicule en l’état ». Patrice est convaincu : « Ce véhicule ne devait pas passer au contrôle technique. Ça devait être la casse directement. J’ai fait trop confiance à un bout de papier. Et ce bout de papier m’a mis dans la merde.” Il a porté plainte et espère obtenir l’annulation de la vente.
Comment de telles pratiques sont-elles possibles ?
Pour illustrer notre enquête, nous avons emprunté une voiture qui avait douze ans et 143 000 km au compteur. Nous avons alors pris rendez-vous dans un centre de contrôle automobile agréé par l’État. Pendant 40 minutes, le technicien a passé 149 points de contrôle au peigne fin et a constaté plusieurs dégradations liées à la carrosserie et, plus grave, un pneu avant à « fleur des témoins d’usure » qui présentait des risques de glissades et d’accidents. Chacune des données a été enregistrée dans un logiciel et analysée par le mécanicien, qui a conclu à un contrôle technique défavorable avec six défaillances majeures. Nous avons eu deux mois pour réaliser les 750€ de réparations sur le véhicule et pouvoir continuer à rouler avec.
Le verdict n’est pas le même partout
Nous nous sommes ensuite rendus en caméra discrète dans un centre de contrôle indépendant, en périphérie parisienne. Les 149 mêmes points ont été inspectés, mais cette fois, nous avons obtenu un contrôle technique favorable après avoir expliqué au technicien que nous étions réticents à dépenser de l’argent pour effectuer les réparations. Il a conclu en déclarant : « Je vais être gentil avec vous. Mais plus tard, il faudra changer les pneus.”
Des fraudes organisées sur les réseaux sociaux
Des centres de contrôles parfois moins regardants voire arrangeants, mais il y a aussi de vrais trafics. Sur les réseaux sociaux, le contrôle technique fait l’objet de fraudes organisées. Des dizaines de comptes anonymes vendent de faux procès verbaux et vignettes, moyennant 50 à 150 euros. Nous avons réussi à entrer en contact avec un vendeur qui expliquait sa méthode : « On peut faire ça à distance. Tu m’envoies la carte grise. Je te mets ce que tu veux sur ton contrôle technique« . Afin de conclure la transaction, au téléphone cette fois, le vendeur a affirmé travailler dans un centre de contrôle technque et a assuré que le document n’était pas un faux. Un contrôle technique validé à distance et enregistré dans la base informatique du ministère de l’Intérieur, HistoVec. « Tout est enregistré avec le numéro du garage, le numéro d’agrément. En cas de soucis, je mets tout sur le stagiaire« , se défendait-il. Nous n’avons pas donné suite à cette proposition.