Le tribunal administratif de Paris a rendu une décision en faveur de l’exposition d’un tableau de l’artiste suisse Miriam Cahn au Palais de Tokyo. Le tableau en question avait été critiqué par une députée du Rassemblement National, qui l’avait qualifié de « pédopornographique ». Des associations avaient également exprimé leur mécontentement et demandé que l’œuvre soit retirée de l’exposition. Cependant, le tribunal a tranché en faveur de la liberté d’expression artistique et a rejeté la demande des associations. Cette décision est considérée par certains comme une victoire pour les artistes et leur droit de s’exprimer librement, même si cela peut choquer certaines personnes.
Le Palais de Tokyo, musée d’art contemporain de Paris, a annoncé que l’œuvre « Fuck Abstraction ! » de Miriam Cahn restera exposée dans le cadre de la rétrospective consacrée à l’artiste suisse. Cette décision fait suite au rejet des demandes formulées par plusieurs associations par le tribunal administratif de Paris à l’issue d’une audience en procédure urgente de référé-liberté le 27 mars. Les associations avaient demandé le retrait de l’œuvre après une polémique lancée sur les réseaux sociaux par la députée RN, Caroline Parmentier, qui avait qualifié l’œuvre de « pédopornographique ».
Le tribunal administratif a estimé que l’association Juristes pour l’enfance « n’est pas fondée à soutenir » que le maintien de l’œuvre dans l’exposition porte une atteinte grave et manifestement illégale à la liberté fondamentale que constitue l’intérêt supérieur de l’enfant.
Le tableau, représentant la silhouette d’un homme au corps très puissant, sans visage, qui impose une fellation à une victime de corpulence très fragile, à genou et les mains liées dans le dos, « traite crûment » de la façon « dont la sexualité est utilisée comme arme de guerre et fait référence aux exactions commises dans la ville de Butcha, en Ukraine, lors de l’invasion russe ». Cependant, l’œuvre ne saurait être comprise en dehors de son contexte et du travail de l’artiste Miriam Cahn qui vise à dénoncer les horreurs de la guerre.
En réponse à la députée RN Caroline Parmentier qui l’avait interpellée le 21 mars à l’Assemblée nationale, la ministre de la Culture Rima Abdul Malak avait déjà rappelé que Miriam Cahn « documente et dénonce les horreurs de la guerre » depuis 40 ans. Dans son communiqué, le Palais de Tokyo « regrette l’instrumentalisation de cette œuvre d’art et le mépris du rôle fondamental que jouent les musées partout dans le monde pour défendre les libertés dans le respect des droits de l’Homme ».
Le musée précise que près de 45 000 personnes ont déjà vu l’exposition « Ma pensée sérielle » présentée jusqu’au 14 mai. Pour sa part, l’association Juristes pour l’enfance a indiqué, dans un communiqué publié le 28 mars, qu’elle saisit « immédiatement » le conseil d’Etat.