Suite aux déclarations d’Emmanuel Macron concernant le règlement instantané des contraventions pour détention de stupéfiants, Marie Debrus, responsable chez Médecins du Monde, critique « l’absence d’efficacité de la stratégie répressive » en France.
« Ce sont toujours les mêmes personnes, fragilisées, discriminées, qui sont contrôlées, donc cela crée une stigmatisation », déplore Marie Debrus, référente pour la réduction des risques liés à l’usage de drogues à Médecins du Monde et membre du Collectif pour une nouvelle politique des drogues (CNPD), sur 42mag.fr le 26 juin. Suite à la déclaration d’Emmanuel Macron concernant les amendes pour possession ou consommation de cannabis qui « pourront être payées immédiatement », par carte bancaire ou en espèces, le CNPD a lancé lundi une pétition sur le site de l’Assemblée nationale demandant la dépénalisation de l’usage des drogues et un accent mis sur la prévention et l’accompagnement. Le collectif dénonce « l’inefficacité de la politique répressive » en France.
Franceinfo : faut-il supprimer les sanctions pour toutes les drogues comme vous le demandez dans la pétition ?
Marie Debrus : Oui, absolument. En réalité, chaque drogue présente sa propre dangerosité. D’ailleurs, si l’on considère l’alcool, qui est actuellement légal, c’est l’une des drogues les plus dangereuses et cela a été démontré par des scientifiques. Ce qui est crucial, si l’on veut prévenir la consommation, c’est d’informer les gens, mais en aucun cas de diviser et de stigmatiser certains groupes de consommateurs.
Qu’est-ce que les sanctions actuelles enlèvent dans la prévention ?
Elles caricaturent les consommateurs. Il s’agit toujours des mêmes personnes, vulnérables, discriminées, qui sont contrôlées, et cela crée une stigmatisation qui amène les personnes à ne plus parler, à ne pas oser parler de leur consommation et finalement à être discriminées dans les services de santé ou autres, et donc, à ne pas être correctement prises en charge.
Dépénaliser la consommation ne serait-ce pas tout de même un encouragement à consommer ?
Non, pas du tout. Il s’agit d’être réaliste et de parler avec des informations précises, basées sur des données scientifiques, sans glorifier l’usage de drogues, comme M. Macron semble le dire ici. Ce n’est absolument pas cela, mais les personnes consomment pour des raisons précises et il faut l’admettre, il n’y a pas d’autre alternative. Il faut donner des informations fiables et correctes sur les dangers de la consommation de drogues.