Sandrine Etoa-Andegue fait le point sur les moments clés de l’année passée. Les acteurs principaux de ces événements sont ceux qui nous les rapportent. Louis Boyard, représentant du groupe politique La France insoumise du Val-de-Marne, discute de l’initiative « blocus challenge » qu’il a initiée lors du mouvement de contestation contre la refonte du système de retraites.
Le 5 mars 2023, deux jours avant le sixième round de manifestations contre la réforme des pensions, le très médiatisé député Insoumis, Louis Boyard, a lancé un nouvel hashtag, « blocus challenge », à ses 500,000 followers sur TikTok : « Nous lançons le hashtag ‘blocus challenge’, partagez vos meilleures images de blocus d’écoles et d’universités. Nous en sélectionnerons une au hasard et l’équipe de bloqueurs sera conviée à visiter l’Assemblée nationale avec nous ».
La vidéo a atteint plus d’un million de vues. Cette action a été rapidement critiquée par les partisans de Macron, qui l’ont qualifiée d' »irresponsable » et ont déclaré qu’elle illustre « l’indignité des tactiques de la Mélenchonie ». Louis Boyard, qui aura 23 ans en août, est l’un des plus jeunes députés de la législature et sa rapidité à tweeter et à publier des vidéos sur les réseaux sociaux est remarquable. Ses adversaires le considèrent comme un moteur de buzz qui, selon eux, déforme le rôle de député.
Pour Louis Boyard, le plus important est de faire de la politique d’une manière différente. Ses détracteurs se moquent de son « blocus challenge », mais le député est fier d’avoir sensibilisé les jeunes. « Est-ce qu’un simple ‘blocus challenge’ suffira à inciter des millions d’étudiants à descendre dans les rues? Non », admet-il, « mais il a permis de transmettre deux messages importants : les lycéens sont directement concernés par la réforme des retraites, et ils ont le droit de se mobiliser, notamment en bloquant écoles et universités ».
Cité par Louis Boyard, député LFI, à franceinfo, « Mon rôle, en tant que jeune législateur, est de parler directement aux jeunes pour leur dire ‘vous avez le droit de vous mobiliser' ».
Quand on lui parle de son utilisation des réseaux sociaux pour faire de la politique, il affirme qu’il ne se « force pas ». « J’ai grandi avec une culture Internet. Je m’instruisais en regardant des vidéos YouTube. À l’Assemblée nationale, il y a des codes, des manières de faire, une culture qui n’a rien à voir avec la culture de ma génération. Et comme ce n’est pas compris, cela fait beaucoup réagir. Lorsque je parle de la concentration des médias, de la répartition des richesses, de la légitimité des jeunes à se mobiliser dans la réforme des retraites, les gens critiquent plus la manière dont je le dis que ce que je dis réellement, et je ne leur en veux pas. Ils se défendent », explique le député insoumis.
Est-ce que tout coup de pub est bon à prendre ?
Selon Louis Boyard, « faire du bruit pour faire du bruit ne sert à rien ». Lorsque ses critiques l’accusent de chercher constamment à frapper un grand coup, il répond : « Pas toujours ». « Il y a des moments où vous n’avez entendu parler de moi que sporadiquement, et pourtant j’étais actif, » indique le législateur. « Tous les jeunes que je rencontre ou avec qui j’échange sur les réseaux sociaux, eux, se rendent compte que tout n’est pas parfait et qu’il y a beaucoup de questions qui se posent avec ces méthodes. Une nouvelle culture politique est en train de se développer et il est bon d’avoir un débat à ce sujet ».
Valérie Pécresse, présidente de la région Île-de-France, a porté plainte contre Louis Boyard suite à son « blocus challenge », pour incitation à un délit d’entrave et à la violence. Le député du Val-de-Marne est convaincu que cela n’aboutira à rien.