Pour son premier film destiné aux salles de cinéma, la réalisatrice de documentaires Caroline Glorion attire l’attention, avec la puissance du récit fictif, sur le problème de la mise en foyer des enfants arrachés à leurs proches pour des causes financières.
Le premier drame long-métrage de Caroline Glorion, « Comme une Louve »
« Comme une louve » marque les débuts de Caroline Glorion dans le domaine de la fiction long-métrage. Ce film raconte l’histoire d’une jeune mère qui se bat pour retrouver la garde de ses trois enfants après que ceux-ci lui ont été enlevés par les services sociaux à cause de sa situation précaire. Le film sera disponible dans les cinémas à partir du 20 septembre.
Lili, serveuse dans un bar à Marseille et âgée de 26 ans, s’occupe seule de ses trois enfants. Suite à un événement violent impliquant le père de ses deux derniers enfants, Lili trouve refuge dans un centre d’hébergement. Son principal objectif est de trouver rapidement un nouveau logement pour elle et ses enfants. Cependant, sa demande de logement social est ralentie par l’absence de bulletins de salaire que son employeur refuse de lui délivrer. L’équipe du centre d’hébergement, jugeant que Lili n’offre pas une éducation adéquate à ses enfants, nomme Elodie Piat, jouée par Sandrine Bonnaire, comme travailleuse sociale pour suivre le cas de Lili.
Le relation entre Lili et Elodie est tendue. Lili, qui a toujours connu la lutte et l’adversité, s’efforce de s’en sortir par elle-même et de veiller sur ses enfants, avec qui elle se sent très proche. Elle ne veut pas de l’assistance qui lui est proposée. Son unique souhaite est d’avoir un endroit sécurisé où vivre avec ses enfants.
Afin d’échapper aux services sociaux, qu’elle qualifie de « voleurs d’enfants », Lili quitte le centre d’hébergement. En l’absence d’un emploi et d’un domicile, ses enfants lui sont enlevés one matin devant l’école, en pleine rue, sous prétexte de « défaillances parentales » et de « soupçons de maltraitance ».
« Isolée et pauvre »
Plusieurs associations, dont le Secours Catholique et les Apprentis d’Auteuil, ont apporté un soutien financier au film. Caroline Glorion, une réalisatrice habituée aux documentaires, a choisi de s’aventurer dans la fiction avec « Comme une Louve », une histoire bien que fortement basée sur des faits réels, conçue pour déstabiliser et contredire les préjugés.
Si le film ne blâme pas entièrement les services sociaux, dépassés par une situation complexe, « Comme une louve » se positionne néanmoins en faveur de la jeune mère financièrement instable, victime des incohérences du système qui favorise le placement des enfants plutôt que l’assistance aux familles précaires. « Pourquoi l’argent que vous donnez à la famille d’accueil pour s’occuper de mes enfants, vous ne me le donnez pas à moi ? » interroge Lili. Bien qu’elle soit souvent à bout, n’ayant pas les « codes » posés par la société, Lili s’occupe admirablement de ses enfants et est convaincue qu’elle leur apporte tout l’amour dont ils ont besoin. Son seul « crime », comme le précise son avocate hors du commun, « c’est d’être isolée et pauvre ».
La mise en scène, dénuée de pathos et de stéréotypes, capture comme un documentaire divers épisodes de cette tranche de vie, notamment les petits moments de la vie quotidienne que Lili partage avec ses enfants, ou avec ses amies. Parallèlement, à travers des scènes clés (dans le bureau du juge, lors des rencontres supervisées entre la mère et ses enfants), le film révèle les rigidités et les limites d’une administration figée dans ses principes, malgré la singularité de chaque situation.
Deux actrices principales remarquables
Le film repose sur les deux actrices qui campent ce duo de personnages antagonistes. Mathilde La Musse incarne magnifiquement Lili, une jeune femme impulsive et souvent submergée par ses émotions. De son côté, Sandrine Bonnaire joue à merveille un rôle à l’opposé de ceux qu’elle a l’habitude d’interpréter, dans la peau d’Elodie Piat, une assistante sociale impitoyable et froide, presque antipathique, qui suit Lili et qui finit par montrer une écoute plus attentive au fil du temps.
Les personnages secondaires valent également le détour. Le film met en scène un ensemble d’acteurs et d’actrices pour incarner l’entourage de la mère : Marilyne, l’amie du centre d’hébergement (Laurence Côte), Nora, l’amie de toujours (Naidra Ayadi), et les enfants, d’un authenticité troublante. Il ne faut pas oublier les membres de l’administration, le juge (François Morel) et surtout Maître Clerc, interprétée brillamment par Sarah Suco dans le rôle de l’avocate atypique de Lili. Cette magistrate habituée à une clientèle aisée parvient avec son caractère bien trempé et une franchise impertinente, à amener progressivement la jeune mère à accepter les « bonnes attitudes », nécessaires pour récupérer ses enfants.
En plus d’être un film social marquant et engagé, « Comme une louve » est également une ode à l’amour maternel, vital. Cette force se mesure autant dans l’affection que Lili porte à ses enfants, qu’à travers l’amour dont elle a manqué, comme d’autres personnages « traumatisés » de cette histoire poignante.
Les détails du film
Genre : Drame
Réalisateur : Caroline Glorion
Acteurs : Mathilde La Musse, Sandrine Bonnaire, Sarah Suco, Laurence Côte, Arthur Igual, Naidra Ayadi, François Morel, Aydan Hullmann
Pays : France
Durée : 1h 38min
Année de sortie : 2023
Distributeur : Alba Films
Résumé : Lili, 26 ans, vit dans une précarité et élève seule ses trois enfants. On l’accuse à tort de maltraitance, et les services sociaux lui enlèvent ses enfants. Elle s’effondre, mais, soutenue par un groupe de femmes solidaires et un nouvel amour, Lili se lance dans une lutte cruciale pour reconstruire sa famille.