Les films en salle cette semaine présentés par Thierry Fiorile et Matteu Maestracci comprennent « Le procès Goldman », réalisé par Cédric Kahn et « Club Zero », un film de Jessica Hausner.
Le film Le procès Goldman de Cédric Kahn, est situé en 1976 et son protagoniste, Pierre Goldman, est un acteur emblématique de l’ultra-gauche française. Un homme insoupçonnable, qui était un militant radical, un truand sophistiqué et un éloquent rhéteur. Ses parents étaient des héros de la résistance juive provenant d’Europe de l’Est, qui ont émigré en France avant le début de la guerre.
Pierre Goldman, qui a été témoin de la révolution au cœur de l’Amérique latine, est soupçonné d’avoir assassiné deux pharmaciennes à Paris en 1969. Condamné à une peine de réclusion à perpétuité lors de son premier procès, le verdict a été annulé et lors de son second procès à Amiens, il insiste sur son innocence tout en admettant avoir commis des vols à main armée. Il bénéficie du soutien de l’aile progressiste des intellectuels de l’époque, notamment Simone Signoret, et est défendu par le jeune Georges Kiejman, qui n’est pas encore l’éminent avocat qu’il deviendra.
Pierre Goldman est un accusé difficile à gérer pour son avocat, et c’est cette relation, ce contraste entre les deux personnalités qui fait toute la richesse du film. Arieh Worthalter donne vie à Pierre Goldman, et Arthur Harari incarne Georges Kiejman. Leur interprétation est impressionnante de réalisme, tout comme le climat tendu qui règne lors du procès, superbement reconstitué à l’écran.
Le dialogue est essentiel, c’est l’essence même de ce film, qui se garde bien de porter un jugement sur Pierre Goldman. Le personnage reste délicat, il sera acquitté, mais abattu en 1979. Un groupe d’extrême droite, peu connu, revendique l’attentat, mais les responsables ne seront jamais officiellement identifiés, laissant l’énigme Goldman toujours irrésolue.
Club Zéro de Jessica Hausner
Présenté en compétition au dernier Festival de Cannes, le film Club Zéro suit Miss Novak, une jeune professeure qui se rend dans une école privée huppée avec pour mission d’enseigner la nutrition à des élèves désireux d’apprendre.
Avec une perspective plutôt brutale et radicale, Club Zéro cherche à mettre en lumière nos défauts et un certain fanatisme concernant les questions environnementales et alimentaires. Le programme proposé par l’enseignante pousse ses élèves vers un jeûne intégral, avec des dégâts sur la santé qui sont inévitables.
Jessica Hausner fait preuve d’un contrôle obsessionnel de son image, du cadre et de la mise en scène, ce qui peut donner l’impression d’une absence de subtilité dans son film. Cependant, le spectateur en ressort avec plus d’interrogations que de réponses sur cette jeunesse obsédée par l’écologie, radicale, mais au final, typique de sa génération.
À première vue, le film pourrait sembler manichéen, mais ce n’est pas le cas. C’est une interprétation contemporaine du conte Le Joueur de flûte de Hamelin, de la légendaire collection des frères Grimm, qui donne une métaphore bien faite de la manipulation potentielle des jeunes en quête de sens.