Tandis que les tensions persistent entre les têtes de file des partis de gauche, une trentaine de parlementaires se sont rassemblés pour « prouver qu’une entente est possible entre eux ».
Le climat était tendu lors du séminaire de la Nupes qui a eu lieu le lundi 18 septembre à Ivry-sur-Seine, tout près de la capitale française. Suite aux propos de Jean-Luc Mélenchon, l’indomptable de la gauche, qui a clairement affirmé ne pas « aimer » ses collègues de l’alliance de gauche, plusieurs députés tentent, tant bien que mal, de maintenir une cohésion lors de ce rassemblement.
Pas d’étreintes chaleureuses pour marquer le début, et encore moins de grand repas collectif. Chacun reste dans son coin, mangeant tranquillement son repas. Et seulement une trentaine de députés, sur les 150 que la Nupes rassemble, ont fait l’effort de se déplacer, nous informe 42mag.fr. Les affrontements verbaux entre les différents ténors de la gauche sont « épuisants, drainants », pour Boris Vallaud, député et chef des socialistes à l’Assemblée. Il décrit un affrontement constamment intense, notant avec sarcasme que l’énergie déployée est « non renouvelable, qu’elle fatigue tout le monde et qu’à la fin, tout le monde est à bout. »
« Il est permis de ne pas tomber d’accord »
« Pour plusieurs d’entre nous », soutient l’élu, « l’idée est de démontrer, avant tout à l’Assemblée nationale, que nous sommes capables de trouver un terrain d’entente, dès lors qu’il s’agit du bien-être du peuple. »
La politique, quand elle ne parle que d’elle-même, ennuie tout le monde
Boris Vallaud, député socialisteà 42mag.fr
Trois discussions sur des sujets de fond sont prévues durant le séminaire, à savoir le budget, l’immigration et l’agriculture, avant la présentation de ces dossiers à l’Assemblée. « Tout travail collaboratif nous est bénéfique », concède Cyrielle Chatelain, présidente du groupe écologiste à l’Assemblée nationale. « Nous avons développé des habitudes de travail au cours de cette année législative. Il ne s’agit pas de savoir si nous nous apprécions ou si nous nous aimons, mais plutôt de déterminer si nous pouvons travailler de concert. »
Pour ces élus, le travail en commun est une pratique, qui ne pourra pas être « sacrifiée sur l’autel des ambitions présidentielles », selon un député socialiste. Pour une autre figure du Parti Socialiste, « il est permis de ne pas tomber d’accord, mais il est malvenu de donner l’impression que la rupture est inévitable. »
Parfois, il est nécessaire de renégocier les termes du contrat de mariage
Un député socialisteà 42mag.fr
« La corde est tendue, mais elle ne doit pas se casser »
Concernant les élections européennes, qui auront lieu en juin 2024, la gauche se présente éparpillée, sans liste commune pour l’instant. « Nous devons veiller à ce que les tensions n’influencent pas notre groupe parlementaire », murmure une écologiste de haut rang à 42mag.fr.
D’autant plus que Manuel Bompard, le coordinateur de La France Insoumise, met la pression sur ses alliés à l’Assemblée. « Nos divergences stratégiques sont significatives », précise-t-il. « La question en jeu est de savoir si nous devons maintenir la Nupes ou non. Nous voulons qu’elle perdure et présenter une candidature commune aux européennes. Nos collègues doivent être clairs sur leurs intentions en ce qui concerne ce sujet. »
C’est un combat interne parallèle à ceux menés à l’Assemblée contre le gouvernement et la majorité. Certains à gauche espèrent que l’année deux de la Nupes ne sera pas la dernière. Une élue communiste, adepte de l’union, a cette devise : « quand la corde est tendue, faisons en sorte qu’elle ne se casse pas. »