La journaliste française Ariane Lavrilleux, arrêtée pour son reportage selon lequel les services de renseignements français auraient été utilisés par l’Egypte pour tuer des civils, a dénoncé jeudi les atteintes à la liberté de la presse après sa libération.
« Mon arrestation montre que les journalistes ont un impact et que nous sommes nécessaires », a déclaré Lavrilleux lors d’un point de presse au siège de Reporters sans frontières à Paris.
« Nous allons intensifier nos efforts pour informer sur les ventes d’armes aux dictatures afin que les citoyens sachent ce que font nos gouvernements. »
En novembre 2021, le média en ligne Disclose a publié une série d’articles, basés sur des centaines de documents secrets, affirmant que les renseignements français avaient été utilisés à mauvais escient par l’Égypte pour cibler des passeurs à la frontière libyenne et tuer des civils.
Leur publication a incité le ministre des Armées à demander une enquête.
Lavrilleux a été arrêtée mardi et son domicile à Marseille a été perquisitionné. Elle a été libérée après 39 heures de garde à vue.
#JournalismIsNotACrime
je suis libre, merci bp pour votre soutien !
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انا حرة ،شكرا ليكو! pic.twitter.com/kQDMbFvJUM– Ariane Lavrilleux (@AriaLavrilleux) 20 septembre 2023
Condamnation
Les groupes de défense des droits de l’homme ont condamné ce qu’ils considèrent comme une atteinte inacceptable au secret des sources – un point de vue partagé par Reporters sans frontières et la Société des journalistes.
« Je ne suis pas mis en examen pour le moment, mais une épée de Damoclès plane au-dessus de ma tête et au-dessus de Disclose. Trois de leurs journalistes ont déjà été visés par la DGSI », a déclaré Lavrilleux.
La DGSI, ou Direction générale de la sécurité intérieure, est une agence française chargée de lutter contre l’espionnage, le terrorisme, la cybercriminalité et la surveillance des groupes potentiellement menaçants.
Le ministère des Armées a porté plainte pour « violation du secret de la défense nationale » suite à la publication des articles, et un dossier a été ouvert en juillet 2022 par le parquet de Paris, puis confié à la DGSI.