Menacées de bannissement en France et dans l’Ouest de l’Europe, nos anciennes autos fonctionnant au diesel trouvent un nouveau refuge à l’Est, où elles vivent une deuxième jeunesse. C’est notamment le cas de la Bulgarie qui a développé une expertise dans leur importation. Une séquence d' »Envoyé spécial » filmed à Sofia, le cœur de ce nouvel eldorado, l’illustre bien.
Aux abords de Sofia, la capitale bulgare, Hassene se consacre à la vente de voitures d’occasion. Son domaine d’expertise est l’importation des véhicules venant de France, avec une majorité de voitures diesel. Les principales raisons de ce choix sont le coût avantageux du carburant et la facilité de réparation des véhicules, explique-t-il. De plus, les Bulgares ont une préférence marquée pour le diesel, comparé à l’essence ou l’électricité. À l’échelle de l’Europe de l’Est, le marché n’est pas encore mûr pour l’adoption massive des voitures électriques ; en 2022, 98% des ventes de ces véhicules ont eu lieu à l’Ouest de l’Europe.
La Bulgarie se distingue par le vieillissement de son parc automobile, le plus ancien de l’Union européenne, avec 40% des voitures ayant dépassé 20 ans d’âge. L’absence de Zones à Faibles Émissions (ZFE) permet aux véhicules diesel de circuler librement. Cela a pour effet d’encourager le transfert de véhicules interdits à l’Ouest vers l’Est de l’Europe, y compris en Bulgarie, Pologne, Roumanie, qui sont pourtant membres de l’Union européenne. La Bulgarie est ainsi devenue le lieu privilégié des ventes de voitures qui sont susceptibles d’être interdites. Selon une approximation d' »Envoyé spécial », ce sont entre 100 000 et 150 000 voitures provenant de l’Ouest qui sont vendues annuellement en Bulgarie.
Sofia, la capitale européenne aux niveaux de pollution record
Étant donné que le parc automobile de Sofia est majoritairement composé de voitures diesel et plutôt vieillissantes, la ville a gagné le titre peu enviable de capitale européenne la plus polluée. Lors du reportage d' »Envoyé spécial », un relevé a mis en lumière un taux de particules fines de 33 µg/m3, soit six fois supérieur au taux recommandé par l’Organisation mondiale de la santé. L’Union européenne a condamné la Bulgarie pour ne pas avoir respecté les normes en matière de qualité de l’air, mais la protection de l’environnement ne semble pas être une priorité pour les autorités du pays.
Le manque d’engagement en faveur de l’environnement a de graves conséquences sur la santé des Bulgares. L’Agence européenne pour l’environnement estime que l’inhalation de cet air lourd en particules fines est à l’origine de 14 000 décès chaque année en Bulgarie, soit un taux trois fois et demi supérieur à celui de la France.
Extrait tiré de « Les damnés du diesel », un reportage passionnant diffusé dans l’émission « Envoyé spécial » le 5 octobre 2023.