Le chef d’État dit vouloir accomplir « jusqu’à la fin » l’extension du domaine du référendum, sans spécifier clairement les thèmes qu’il envisage. La partie conservatrice et l’extrême droite demandent un référendum sur la question de l’immigration.
Le président Emmanuel Macron a fait savoir, le mercredi 4 octobre au 65ème anniversaire de la Constitution de la Cinquième République, qu’il avait pour intention d’étendre la portée du référendum. Il est possible qu’il envisage d’en organiser un sur la question de l’immigration, car c’est un sujet qu’il a évoqué fin août au cours des rencontres institutionnelles de Saint-Denis, devant les leaders des différents partis politiques, comprenant ceux du LR et du RN, qui demandent précisément un référendum sur l’immigration. Cependant, notons que lors de son discours de mercredi devant le Conseil constitutionnel, il n’a pas explicitement mentionné les thèmes qu’il a en tête, sans pour autant les exclure totalement.
Dès lors, on s’attend à ce que la droite et l’extrême droite saisissent cette opportunité pour demander avec plus de vigueur une consultation de ce genre. Rappelons actuellement, d’après l’article 11 de la Constitution, les référendums peuvent uniquement porter sur l’organisation des pouvoirs publics, les traités internationaux ou sur certaines réformes de politique économique et sociale. Les thèmes sociétaux en sont exclus.
Prendre cette route serait un pari politique osé pour le président Macron. Évidemment, à l’Élysée, il est bien connu qu’un thème si délicat ne calmerait pas le débat public. Ainsi, en ayant cette initiative, Emmanuel Macron a accepté de prendre un grand risque. Surtout que les trois cinquièmes de la majorité parlementaire, nécessaires pour modifier la Constitution, pourraient bien accepter d’étendre la portée du référendum. Ceci dit, on ne peut pas dire avec certitude que le président hâte d’arriver à ce point.
Il y en a qui le soupçonnent de vouloir gagner du temps en agitant cette idée. En fait, l’idée d’étendre le champ du référendum a déjà été utilisée par d’autres présidents, par exemple François Mitterrand en 1984 dans le but de surmonter la crise de l’école privée à l’époque.
Un moyen de résoudre la crise de la démocratie pourrait être d’impliquer plus régulièrement les Français dans des décisions politiques. C’est pour cette raison que Macron propose également de simplifier la procédure du référendum d’initiative partagée, une demande issue du mouvement des gilets jaunes. Or, favoriser la consultation populaire sur toutes les questions et à tout moment comporte aussi le risque de mettre fin à la démocratie parlementaire, qui est déjà fragile. Quel serait l’intérêt de confier le pouvoir à des élus sur la base d’un programme, si ce programme peut être annulé à tout moment durant leur mandat par un référendum ? Il faut se souvenir qu’en 1981, les Français auraient probablement pas voté pour l’abolition de la peine de mort via un référendum. En bref, malgré ce que peuvent dire les démagogues, le peuple a certes toujours raison, mais cela dépend du moment et du sujet.