Trois mois après les désordres survenus à la suite du décès du jeune Nahel, en juin, l’administration prévoit pour ce jeudi, la tenue d’un conseil national de reconstruction. Certains responsables locaux manifestent une certaine impatience.
Quelle est la suite des choses après les troubles civils survenus durant les premières semaines estivales ? Depuis plus de trois mois, le gouvernement ne semble pas encore prêt à dévoiler son approche de la situation. Un CNR, un Conseil National pour la Refondation, consacré à l’analyse des émeutes, est prévu ce jeudi 5 octobre à 17 heures à Matignon autour d’Elisabeth Borne. Participeront à cette rencontre le gouvernement, les maires touchés par les violences, les représentants associatifs ainsi que des chercheurs.
Cependant, la Première Ministre, tout comme l’exécutif, semblent opter pour une nouvelle phase de discussion. « Je ne veux pas que cela devienne une histoire sans fin », déclare un ministre. Il est en effet compliqué de définir précisément l’objectif de ce nouveau conseil national pour la refondation.
Des élus locaux souhaitent aborder les problèmes de précarité et de mal-logement
Matignon s’engage à mettre en place une nouvelle « sorte de bilan » pour favoriser l’écoute. Deux, trois ou même quatre heures de débat car « les émeutes ne sont pas l’unique réalité des banlieues, et les banlieues ne se limitent pas à l’idée d’émeutes », précise un proche de la Première Ministre. C’est une façon d’indiquer que la réponse attendue est complexe.
En effet, alors que l’exécutif met l’accent sur la responsabilité des parents, le rôle des réseaux sociaux et l’appel à « l’ordre et encore l’ordre », le mot d’ordre d’Emmanuel Macron en juillet, les représentants locaux souhaitent aborder les problèmes de précarité et de mal-logement. Mais un indicateur est parlant : la réunion interministérielle des villes initialement prévue lundi avoir été repoussée à la fin du mois d’octobre, sans date fixée.
Sur cette question, le maire de Grigny a exprimé sur Franceinfo sa « colère » et son « sentiment de dédain » après ce nouveau report. « Je suis surpris de ce report car nous avions proposé notre aide au gouvernement pour travailler sur ce Comité interministériel des villes. Soudain, certains membres sont conviés à un CNR que personne n’attendait », explique Philippe Rio.
« C’est à Macron de prendre la parole ! », déclare un conseiller ajoutant que « si le président ne sait pas quelle direction prendre, il est néanmoins convaincu qu’il est le seul à pouvoir résoudre le problème ».