La corruption des élus et des fonctionnaires dans les services publics se déroule de manière discrète. Ils offrent des services aux délinquants en échange d’une rémunération, souvent en divulguant des informations confidentielles provenant des fichiers administratifs. Cette pratique illégale se fait en toute discrétion, loin des regards du public.
La lutte contre la corruption dite de « basse intensité » inquiète de plus en plus les autorités. Elle touche les élus, les fonctionnaires ou les employés contractuels de l’État, comme en témoigne le cas récent d’un policier parisien placé en détention provisoire pour avoir revendu des centaines de fichiers de police. Cette forme de corruption est également connue sous le nom de « corruption du quotidien » ou « corruption de facilitation ». L’argent en jeu concerne souvent des services rendus à des délinquants voire au grand banditisme.
Un exemple concret de cette corruption est apparu à Beauvais, où un vaste trafic de voitures volées a été démantelé en mars. Un policier adjoint supprimait les immatriculations de ces voitures des fichiers de police pour les remettre légalement en circulation. Il est soupçonné d’avoir touché 600 euros par véhicule radié, pour un total de plus de 60 000 euros. À cela s’ajoute un gendarme qui effectuait des consultations illégales de fichiers de police au profit du réseau démantelé.
### Des données à haute valeur ajoutée
Les fichiers de police, d’immatriculation, de permis de conduire, d’antécédents judiciaires ou de personnes recherchées constituent le cœur de cette corruption. Ces fichiers sont des sources d’informations à forte valeur pour les groupes criminels, leur permettant de savoir si les forces de l’ordre sont actives à leur égard. Cette corruption ne se limite pas à la police ou à la gendarmerie, et des cas similaires concernent également d’autres professions. Des cas extrêmes ont même été recensés, comme la complicité de dockers dans le trafic de cocaïne ou l’implication d’un douanier qui fermait les yeux sur des valises remplies de drogue.
### Une corruption à bas bruits
Ces actes de corruption passent souvent inaperçus car ils se dévoilent lors d’autres enquêtes criminelles. Les personnes mal payées deviennent des cibles privilégiées pour les groupes criminels, mais ce phénomène ne se limite pas aux fonctionnaires. Les élus ne sont pas épargnés, comme en témoignent les affaires de favoritisme dans certaines communes.
### Un manque de transparence
La France est classée 21e sur 180 pays dans l’indice de perception de la corruption établi par Transparency International. Cependant, le pays peut encore progresser dans la lutte contre la corruption. La réticence des collectivités à partager des documents administratifs communicables est une illustration de ce manque de transparence. Selon les chiffres officiels, les cas de corruption ont augmenté de 28% entre 2016 et 2021, sans qu’il soit possible de déterminer si c’est réellement la corruption qui s’étend ou si c’est l’efficacité des enquêtes qui progresse.