L’ancien magistrat chargé des affaires de terrorisme met en garde contre le rôle que joue la famille dans le processus de radicalisation.
Marc Trévidic, juge antiterroriste retraité, a récemment exprimé ses inquiétudes en déclarant que la radicalisation se fait désormais au sein des familles. Il s’exprimait sur ce sujet lors de l’émission 8h30 franceinfo le mercredi 1er novembre. En relation avec ce propos, Gabriel Attal, le ministre de l’Éducation, avait énoncé son intention de mettre en place des mesures visant à extraire les élèves radicalisés des écoles. Cette déclaration intervient après l’acte terroriste d’Arras, qui a entraîné la mort de l’enseignant Dominique Bernard.
Marc Trévidic a émis certaines réserves à ces mesures envisagées par le ministre de l’Education. Selon lui, retirer ces élèves de leurs écoles en raison de signes de radicalisation ne résoudrait pas le problème de fond. Bien souvent, c’est au coeur même de leur famille que la radicalisation trouve sa source. L’école représente un endroit où un discours alternatif peut être diffusé. Placer les élèves radicalisés dans des structures spécialisées ne serait peut-être pas la solution la plus efficace, ajoute le président de chambre de la Cour d’appel de Versailles.
La radicalisation « en famille » : un danger potentiel ?
Marc Trévidic, ancien juge antiterroriste, souligne l’importance du rôle joué par la famille dans le processus de radicalisation. Il cite l’exemple du jeune auteur de l’attentat d’Arras, dont le frère a été condamné pour des faits de terrorisme, ou encore du cas de Mohammed Merah, qui avait tué sept personnes en mars 2012 à Toulouse et dont la radicalisation est de source « familiale ». Trévidic compare cette situation à celle d’Obélix qui, tout petit, tombe dans le chaudron. C’est une influence bien plus profonde qu’une simple secte, parce que cela vient de la famille.
Marc Trévidic estime difficile de faire d’un enfant issu d’une famille extrémiste, prônant un islam radical et incitant à la haine, un citoyen français vivant en harmonie avec la société française. Selon lui, il est nécessaire de distinguer une personne née et élevée dans un environnement familial extrême d’une personne se radicalisant à l’âge de 17 ans par une influence extérieure.
Pour prévenir la radicalisation d’un enfant évoluant dans un milieu familial radical, l’enfant devrait être retiré de cet environnement, selon l’ancien juge. Marc Trévidic explique qu’un juge peut décider de retirer un enfant de sa famille s’il estime qu’il est en danger. D’une certaine manière, si un enfant grandit dans un environnement familial propageant un discours rempli de haine et de violence, il est déjà en danger.
Avec des parents tenant un discours extrême, l’ intégration est difficile. Face à cette situation, l’intervention de la justice qui consiste à placer l’enfant dans une famille d’accueil, un foyer n’est certes pas une solution facilement applicable, mais Marc Trévidic rappelle que ce droit existe. Cependant, selon lui, même les centres d’accueil ne sont pas infallibles face à la radicalisation ce qui rend la tâche encore plus délicate.