L’ancien chef du gouvernement souligne qu’il s’agit d' »une invitation à l’union de l’ensemble des citoyens français ». Il affirme également que si l’extrême droite est en quête de « légitimation », elle est « soutenue par Jean-Luc Mélenchon », selon ses dires.
L’ex-chef du gouvernement, Manuel Valls, a invité la population le mercredi 8 novembre sur franceinfo à adopter une riposte vigoureuse à la vague croissante de l’antisémitisme dans la société française. Cet appel s’est traduit par « un engagement collectif, une soudaine prise de conscience face à l’actuelle situation que nous traversons », en réponse à une forte montée de l’antisémitisme comparable à un « déluge, un déferlement d’actes de haine envers la communauté juive ». L’ex-Premier ministre a alors noté avec regret que « l’aversion envers les juifs et Israël est de plus en plus palpable dans notre pays » et a salué l’« initiative politique » prise par Yaël Braun-Pivet [présidente de l’Assemblée nationale] et Gérard Larcher [président du Sénat] qui arrangent une marche contre l’antisémitisme ce dimanche, auquel Manuel Valls compte prendre part.
Manuel Valls voudrait participer à cet événement, car il estime que « l’antisémitisme se fait de plus en plus présent chez nous ». Il fait référence à « des actes antisémites, des croix gammées taguées sur des portes de maisons », des demeures « repérées parce qu’elles abritent des Juifs » ainsi qu’à l’hostilité exprimée sur les réseaux sociaux où on laisse passer des messages aussi haineux que « Mort aux Juifs ». Il précise que ceci est arrivé dans une nation qui respecte « les droits de l’Homme », mais qui par le passé a aussi été le théâtre de l’affaire Dreyfus et des décrets antisémites du régime de Pétain. Selon Manuel Valls, « il est impératif de s’unir au-delà de toute considération partisane. Il faut se montrer courageux, chaque citoyen doit oser se mobiliser contre l’antisémitisme, la haine envers les juifs, et ne pas craindre de se réunir pour protester. Chacun doit assumer ses responsabilités ».
Le fait que le Rassemblement National ait annoncé sa participation à la marche, Manuel Valls a tenu à dire que c’est un « appel à la solidarité de tous les citoyens de ce pays ». Bien conscient des « origines et de l’idéologie du parti du RN », il insiste que leur décision de venir à la marche est de leur cru. Il rappelle que « sa présence à la marche est en réponse à l’appel du président du Sénat et de la présidente de l’Assemblée nationale, qui est une invitation ouverte à tous les français ». Il affirme que le RN essaie peut-être « de se blanchir » ses actions, et que par conséquence leur démarche est aidée par la position adoptée par Jean-Luc Mélenchon et La France Insoumise.
J-L. Mélenchon « met en danger tous ceux qui vont protester dimanche »
Toutefois, Manuel Valls pense que dans cette situation « extrêmement préoccupante », l’important est de rallier le maximum de Français pour cette cause : « Je serai aux côtés de ceux dont je partage les valeurs ». L’ancien Premier ministre n’accordera « jamais » une légitimité à l’extrême droite et tient à faire remarquer que Marine Le Pen, Jordan Bardella et le RN, manifestent aussi d’une certaine manière leur rejet des musulmans ». Il est donc conscient de la situation, mais insiste sur le fait que « dans ces moments critiques, il est plus que nécessaire de clamer haut et fort notre lien, notre amitié, notre relation avec le judaïsme et notre désapprobation de la haine. La manifestation doit être si longue et si grande qu’elle doit dépasser tous ces débats secondaires ».
Quand on l’interroge sur un message publié par Jean-Luc Mélenchon sur X, affirmant que « Dimanche manif de ‘l’arc républicain’ du RN à la macronie de Braun-Pivet […] Les amis du soutien inconditionnel au massacre ont leur rendez-vous », Manuel Valls se montre choqué : « Chaque tweet, chaque déclaration de sa part devient de plus en plus grotesque. Cette fois-ci, c’est particulièrement grave ». Il condamne le fait que Jean-Luc Mélenchon, en déclarant que « ‘Les amis du soutien inconditionnel’ non pas à ‘Israël’ mais ‘au massacre’, ce sont ses propres mots, ‘ont leur rendez-vous’, il vise spécifiquement ceux qui appellent ou qui vont assister à la manifestation de dimanche. Ils sont ‘complices’ du massacre des Palestiniens. C’est inacceptable, c’est très grave ». Manuel Valls estime que Jean-Luc Mélenchon a une stratégie qui encourage la rupture, la violence et la division dans notre pays avec des conséquences très dangereuses ».
Manuel Valls insiste sur le fait que « dimanche, nous manifesterons notre solidarité envers nos concitoyens qui ont perdu des membres de leur famille en Israël. C’est un soutien envers les otages. C’est une manifestation contre l’antisémitisme, contre la haine des Juifs, contre ceux qui tentent de lier le sort des Juifs de France à ce qu’il se passe en Israël. C’est cela qui est insupportable. C’est à ce fléau que contribue Jean-Luc Mélenchon par ses tweets haineux et ses discours incendiaires ». L’ex-Premier ministre tient à préciser que participer à la marche n’est pas une façon de soutenir « le gouvernement israélien » ou « les actions de l’État d’Israël, même si moi, je soutiens l’État d’Israël dans cette période ». Pour Manuel Valls, « il nous faut échapper à cette confusion dans laquelle Jean-Luc Mélenchon cherche à nous plonger ». Il espère aussi que la marche sera suivie d’un « hommage solennel à nos compatriotes qui ont péri. Un hommage national pour nos compatriotes assassinés est nécessaire », conclut-il.