Près de quatre décennies suivant l’assassinat de l’ex-Beatle John Lennon devant son domicile new-yorkais, Apple TV offre une mini-série documentaire qui se penche sur les moments finaux du chanteur ainsi que sur les raisons qui ont poussé son meurtrier à agir, en se basant sur une multitude de témoignages, y compris certains qui n’ont encore jamais été révélés. En effet, l’absence de jugement public ne permettait pas jusqu’à ce jour d’établir clairement les faits.
John Lennon, célèbre musicien et fervent défenseur de la paix, a été tragiquement tué aux abords de sa résidence à New York par Mark David Chapman en ce funeste 8 décembre 1980. L’étonnant dans cette affaire, c’est qu’elle n’a jamais été jugée, selon la narrateur Kiefer Sutherland. Aujourd’hui, cet événement fait l’objet d’une mini-série documentaire en trois volets disponible sur Apple Music, qui retrace toute l’histoire, depuis les origines et avec un intérêt captivant.
Les moments finaux de John Lennon
Le premier épisode est extrêmement captivant. Il relate les derniers instants de John Lennon, minutieusement reconstitués par les témoignages de multiples personnes qui l’ont côtoyé ce jour-là, dont certaines témoignent en public pour la première fois. On y apprend le rôle de chaque personne présente, de la journaliste qui l’a interviewé après cinq ans de silence, au producteur de l’album que l’ancien Beatles achevait en studio, jusqu’aux infirmières et au médecin qui ont pris en charge John Lennon aux urgences et ont dû constater son décès après plus de quarante minutes de tentatives de réanimation.
Un passage particulièrement émouvant est celui où le gardien du Dakota building raconte la scène de Yoko Ono, tenant la tête de son compagnon mourant sur ses genoux. De même, l’image de centaines, puis de milliers de personnes venues spontanément en bas de l’immeuble new-yorkais après l’annonce de sa mort pour prier et chanter, reste poignante.
L’énigme Mark David Chapman
Les deuxième et troisième volets s’attardent principalement sur le meurtrier, cherchant à comprendre le mobile de son acte, qui jusqu’à aujourd’hui défie les analyses des psychiatres et des enquêteurs. Mark David Chapman était-il en pleine possession de ses facultés mentales lors des faits ? Pourquoi n’a-t-il pas pris la fuite après son acte et a au contraire attendu l’arrivée de la police sur les lieux du crime ? Le documentaire explore toutes les hypothèses possibles, y compris la théorie du complot selon laquelle Chapman aurait été manipulé par les services secrets américains pour supprimer la « menace politique » que représentait Lennon.
Les contradictions de Chapman facilitent cette théorie. Parfois, il prétend être John Lennon lui-même ou veut incarner Holden Caulfield, le personnage adolescent du roman « L’attrape-cœurs » de JD Salinger, parfois il qualifie John Lennon de « plus grand hypocrite ». D’autres témoignages évoquent ses antécédents de dépression, ses tentatives de suicide et sa consommation de drogues.
Un procès évité
Le dernier volet du documentaire expose la préparation pour le procès : d’une part, les avocats de Chapman qui voulaient plaider l’irresponsabilité de leur client en raison de troubles psychiatriques, et de l’autre, ceux qui l’accusaient d’avoir prémédité son crime pour attirer l’attention. Mais à la surprise générale, Chapman a plaidé coupable dès l’ouverture de son procès à huit clos, le 22 juin 1981, prétendant avoir agi sur ordre divine. Chapman a été condamné à la réclusion à perpétuité avec une période de sûreté de 20 ans et il est toujours en prison aujourd’hui.
En plus de son analyse approfondie de l’affaire, le documentaire offre également un parallèle avec la tentative d’assassinat du président Ronald Reagan qui a eu lieu trois mois plus tard. Il soulève ainsi des questions qui sont toujours d’actualité : la santé mentale, comment la justice doit traiter les troubles psychiatriques et le contrôle des armes à feu.
L’empreinte de Lennon résonne encore lorsqu’on l’entend s’exprimer dans sa dernière interview donnée le jour de sa mort. Il réitère son espoir que « les gens ont le pouvoir de créer la société qu’ils souhaitent » et son souhait que « les années 80 seront meilleures » que les « terribles années 70 » avant de conclure : « Mon travail ne s’arrêtera que lorsque je serai mort et enterré. J’espère que ce ne sera pas pour tout de suite. »
« John Lennon: un meurtre sans jugement », une série documentaire en trois épisodes, réalisée par Nick Holt et Rob Coldstream d’environ 40 minutes chacune, avec Kiefer Sutherland en narrateur (Royaume-Uni, 2023) disponible sur Apple TV.