Michel Barnier a exprimé son désir de réduire de manière significative les services couverts par l’Aide médicale d’État (AME).
Des préoccupations face aux annonces gouvernementales
« Nous sommes profondément préoccupés et surpris par les récentes déclarations du Premier ministre », a déclaré Matthias Thibeaud, responsable plaidoyer pour l’accès aux soins chez Médecins du monde, lors d’une interview sur 42mag.fr le jeudi 28 novembre. Michel Barnier a fait savoir qu’il envisageait de réduire de manière significative les soins couverts par l’Aide médicale d’État (AME), destinée aux personnes sans papiers, et a ajouté qu’une réforme de ce dispositif était prévue l’année prochaine afin de prévenir tout abus.
Une instrumentalisation de la santé pour des objectifs politiques
Matthias Thibeaud a exprimé sa déception en disant qu’il est « absolument désolant que la santé des étrangers soit utilisée à des fins politiques par le Premier ministre lui-même, sous l’impulsion des exigences du Rassemblement National, notamment de Mme Le Pen et M. Bardella. Visiblement, l’opinion de ces derniers pèse plus lourdement que les questions essentielles de santé publique, qui sont pourtant cruciales pour garantir l’accès à l’Aide médicale d’État. »
L’importance cruciale de l’Aide médicale d’État
L’AME est présentée par Thibeaud comme un aspect crucial non seulement pour la santé des individus concernés, mais aussi pour la santé publique en général. « L’Aide médicale d’État n’est pas une question de politique migratoire. Elle est cruciale pour les personnes étrangères vivant dans une précarité extrême, qu’elle soit administrative, économique ou sociale, et qui sont souvent en situation de grande fragilité sanitaire. Elle leur permet d’accéder aux soins nécessaires tout en protégeant la santé publique dans son ensemble sur notre territoire », affirme-t-il.
Thibeaud souligne l’impact de l’AME sur le système de santé : « C’est un enjeu essentiel, car elle permet une prise en charge préventive des soins pour éviter que certaines maladies ne progressent vers des complications graves. »
Constats de terrain et obstacles rencontrés
Au quotidien, Matthias Thibeaud constate ces réalités sur le terrain : « Dans nos centres de santé, nous accueillons chaque année 17 000 personnes. Contrairement aux idées reçues sur les fraudes, notre expérience met en avant les obstacles à l’accès aux droits et le taux élevé de non-recours à l’AME, qui atteint 50%. Cela signifie qu’une personne sur deux, pouvant bénéficier de l’AME, ne parvient pas à en bénéficier. Les raisons incluent un manque d’informations, des démarches complexes et des délais d’instruction excessivement longs », explique-t-il. Pour traiter des maladies comme la tuberculose et le VIH/sida, « il est crucial de soigner tout le monde. »
« Des discours populistes et trompeurs »
En réponse aux accusations d’abus soulevées par le Premier ministre, le responsable de Médecins du monde dénonce « des discours populistes. Les bénéficiaires de l’AME n’ont pas accès à une large gamme de soins, tels que ceux liés à la dentition, la vue et l’audition, car les coûts restants à leur charge sont tellement élevés qu’ils ne peuvent y accéder. Cela constitue une barrière financière majeure », explique-t-il. Selon Thibeaud, l’AME ne provoque pas « un effet d’attraction », et rien ne justifie l’idée qu’il y a des fraudes. Le gouvernement s’appuie sur de fausses informations pour justifier son projet de réforme, en répondant aux attentes du Rassemblement National.