Le gouvernement s’apprête à émettre un décret, qui sera applicable dès son annonce, visant à réduire de manière significative le niveau du bonus écologique accordé aux véhicules électriques.
Le choix du gouvernement, selon Flavien Neuvy, économiste et directeur de l’Observatoire Cetelem de l’Automobile, est peu favorable aux ventes de véhicules électriques exclusivement. Le mardi 26 novembre, lors de son intervention sur 42mag.fr, il souligne que l’État prévoit de réduire significativement le montant de l’incitation financière pour l’acquisition de voitures électriques. Il est prévu qu’un décret officialisant cette décision soit publié le lendemain au Journal officiel, avec application immédiate.
D’après 42mag.fr, le montant maximal du bonus écologique à l’achat passera de 7 000 euros à 4 000 euros, pouvant même descendre à 3 000 euros voire 2 000 euros pour les foyers les plus fortunés, en fonction de leur niveau de revenu. De plus, la prime à la conversion, qui pouvait être ajoutée au bonus et concernait les propriétaires de véhicules anciens et polluants, va également être supprimée.
« Une décision budgétaire »
Flavien Neuvy illustre son propos avec l’exemple de l’Allemagne, qui a décidé de mettre fin aux incitations financières pour l’achat de voitures électriques dès 2024, soit avec une année d’avance sur la France. Selon lui, cette décision a conduit à une chute marquée des ventes de véhicules électriques en raison de leur coût plus élevé par rapport aux voitures à moteur thermique. Ainsi, l’économiste anticipe que l’absence ou la réduction d’aides publiques en France pourrait également faire diminuer les volumes de vente.
Il souligne que ces réductions d’aides reflètent des choix budgétaires et que la diminution du bonus écologique s’inscrit dans une logique de long terme. Jusqu’à présent, cette aide était progressivement réduite chaque début d’année. Cependant, cette dernière baisse interviendra de façon beaucoup plus marquée et anticipée, dès la publication du décret.
Un « approche plus lente » pour les voitures électriques en France
Concernant le développement des véhicules électriques dans l’Hexagone, Flavien Neuvy admet que la France accuse un léger retard par rapport aux objectifs fixés. L’objectif visé est de parvenir à un parc automobile entièrement électrique d’ici 2035, comme le prévoit la réglementation européenne. Selon lui, le pays n’est pas tout à fait aligné sur la trajectoire souhaitée. Il précise que la diminution des incitations intervient dans un contexte difficile pour le secteur automobile, où les usines fonctionnent à un rythme réduit comparé à l’avant-crise sanitaire de 2019.
Néanmoins, l’économiste reconnaît que les fabricants automobiles déploient des efforts considérables et investissent massivement dans la transition vers des véhicules entièrement électriques. De nouveaux modèles sont proposés, bien que, selon lui, il reste essentiel que les automobilistes manifestent l’envie et les moyens financiers de les acquérir. Il constate que les consommateurs semblent désorientés. La hausse des tarifs de l’électricité a suscité des doutes chez de nombreux automobilistes, et les questions d’autonomie des batteries ainsi que le coût d’achat continuent d’être des freins.