En septembre, un homme de 88 ans, qui avait passé 46 ans dans le couloir de la mort, a finalement été disculpé. Suite à cet événement, la Fédération japonaise des barreaux a lancé ce mercredi un appel pour engager une véritable discussion autour de la peine de mort dans le pays.
Au Japon, plus de cent individus attendent actuellement leur exécution dans les prisons. Chaque année, plusieurs personnes sont condamnées à la peine capitale, et certaines d’entre elles subissent cette sentence. La peine de mort est réservée aux crimes particulièrement cruels, impliquant généralement des meurtres multiples. Souvent, les condamnés font appel, et il faut de nombreuses années avant que la Cour suprême ne rende la condamnation irrévocable. Une fois la peine confirmée, la seule option restante est de demander une révision du procès, mais cette démarche est rare. Ainsi, les condamnés peuvent être exécutés à tout moment après la validation de leur peine.
La loi prévoit que les exécutions doivent avoir lieu dans les six mois suivant la confirmation du verdict. Cependant, cette règle n’est presque jamais respectée. Les condamnés passent souvent de longues périodes voire des décennies dans une attente angoissante, ne sachant pas quand l’exécution aura lieu. Cette incertitude constante plonge certains dans la folie, car ils ne sont informés de leur exécution que le matin même, au lever du jour, lorsqu’ils sont conduits à la potence. Les familles et les avocats ne sont avertis qu’après que l’exécution a eu lieu.
Un système sans transparence
Le processus d’exécution au Japon est entouré de mystère. Aucune information n’est fournie sur les critères ou l’ordre des exécutions. Il n’y a pas de bourreau désigné ; ce sont les prisonniers eux-mêmes qui procèdent aux exécutions, une tâche qui laisse souvent des séquelles psychologiques durables pour les gardiens impliqués.
Le Japon est l’une des dernières grandes démocraties à appliquer encore la peine de mort. Les dirigeants politiques n’envisagent pas l’abolition de cette pratique, et l’opinion publique la soutient majoritairement. Toutefois, un groupe interdisciplinaire d’avocats réclame l’ouverture d’un débat sur cette question.
Jusqu’à présent, un véritable débat politique sur le sujet n’a jamais eu lieu, car le gouvernement s’y oppose fermement. Le ministre de la Justice a récemment réaffirmé cette position à notre correspondante : « Dans certains cas de crimes exceptionnellement cruels, les tribunaux estiment que la peine de mort est incontournable. Pour l’instant, nous ne pensons pas que l’abolition de la peine de mort soit appropriée. » Cette réponse a également été donnée par écrit au Premier ministre.
Une affaire judiciaire qui bouleverse l’opinion publique
Le mouvement des avocats en faveur de l’abolition de la peine de mort a gagné en vigueur après l’acquittement d’Iwao Hakamata, un Japonaise de 88 ans. Condamné en 1968 et ayant passé près de cinquante ans dans le couloir de la mort, il a été innocenté grâce à de nouveaux tests ADN. Cet exemple flagrant d’erreur judiciaire pourrait influencer un changement d’opinion dans un pays jusque-là majoritairement favorable à la peine de mort.