La France a déployé vendredi de nouvelles stratégies pour lutter contre le trafic de drogue lors d’une visite des ministres de l’Intérieur et de la Justice à Marseille – une ville marquée par une brutale guerre des gangs. Les propositions comprennent un effectif accru, une unité de coordination nationale et des pouvoirs élargis pour les tribunaux spécialisés.
S’exprimant dans le sud de la ville, devenu le théâtre d’une guerre meurtrière de trafic de drogue entre bandes rivales, le ministre de la Justice Didier Migaud a annoncé son intention de créer dans les semaines à venir une « unité de coordination nationale » au sein du parquet de Paris.
Cette unité évaluera les menaces liées au trafic de drogue, élaborera des stratégies opérationnelles et supervisera leur mise en œuvre, avec un groupe de travail composé de magistrats et de responsables des secteurs de l’intérieur, des finances et de l’analyse criminelle.
Un groupe de travail comprendra des magistrats et des représentants des ministères concernés – notamment de l’intérieur et des finances – ainsi que des analystes criminels.
Cette unité est conçue comme le précurseur d’un parquet national spécifiquement axé sur la criminalité organisée, même si cela nécessitera l’approbation du Parlement.
Ressources accrues
Migaud a déclaré que l’équipe du parquet de Paris chargée des affaires de criminalité organisée verra ses effectifs augmenter de 40 pour cent.
Par ailleurs, les tribunaux interrégionaux (JIRS) partout en France, notamment à Marseille, maintiendront leurs effectifs actuels.
Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau s’est également engagé à renforcer l’Office antidrogue (Ofast), en élargissant ses 15 agences et neuf unités régionales. À Marseille, le ministère affectera 25 enquêteurs supplémentaires et 95 policiers supplémentaires pour patrouiller les rues.
Le ministère de la Justice nommera également un magistrat de liaison à Bogotá, compte tenu du statut de la Colombie comme source majeure du trafic de drogue.
Tribunaux spécialisés
Migaud a proposé d’autoriser des cours d’assises spéciales composées uniquement de magistrats professionnels à traiter les procès contre le crime organisé, en particulier dans les affaires liées à la drogue, à l’instar de la manière dont les affaires de terrorisme sont conduites en France.
Cette approche vise à réduire le risque de manipulation du jury en faisant appel à des juges professionnels plutôt qu’à des jurys civils.
Retailleau a indiqué que les méthodes d’enquête habituellement utilisées dans les opérations antiterroristes pourraient être appliquées au crime organisé.
Sensibilisation du public
Le ministre de la Justice a souligné la nécessité de sensibiliser le public au lien entre la consommation de drogues, la violence liée au trafic et la criminalité qui y est associée.
Il a annoncé une prochaine campagne de sensibilisation du public et a appelé à des mesures plus strictes pour saisir et confisquer les avoirs des entreprises criminelles.
Migaud a également proposé de créer un délit d' »association de malfaiteurs », pouvant aller jusqu’au meurtre, avec de lourdes peines de prison pour les contrevenants.
La mortalité liée à la drogue à Marseille a atteint un record en 2023, avec 49 meurtres.
Cependant, des chiffres récents indiquent une baisse, montrant que le nombre de décès liés à la drogue a diminué des deux tiers entre janvier et septembre 2024 par rapport à la même période de l’année dernière.