Le président français Emmanuel Macron doit se rendre en Argentine pour rencontrer le président Javier Milei – admirateur de Donald Trump – dans l’espoir de le « réintégrer » sur la scène internationale à la veille du sommet du G20 au Brésil.
Le président Macron devrait arriver en Argentine ce samedi pour une rencontre avec le président Javier Milei, connu pour sa politique ultralibérale et son admiration pour le président élu américain Donald Trump.
Cette visite diplomatique vise à réintégrer Milei dans le consensus international sur les questions mondiales cruciales, notamment à l’approche du sommet du G20 au Brésil.
Macron doit arriver ce soir à Buenos Aires, où il dînera en privé avec le président Milei avant de tenir une réunion plus formelle dimanche.
Cette visite est particulièrement significative car elle a lieu juste après la rencontre de Milei avec Trump dans sa station balnéaire de Mar-a-Lago en Floride.
Les deux dirigeants partagent une vision du monde axée sur des réductions drastiques des dépenses publiques et une réticence à s’engager dans les grands accords et objectifs internationaux en matière de climat.
Priorités du G20
Compte tenu du climat politique actuel, Macron cherche à combler le fossé entre leurs points de vue divergents, notamment en matière de politique environnementale.
Le président français souhaite encourager la participation continue de l’Argentine au cadre de coopération internationale que représente le G20, avec des discussions axées sur la connexion de Milei avec les priorités critiques du G20, étant donné que le sommet est prévu lundi et mardi à Rio de Janeiro.
Le récent retrait de l’Argentine des négociations sur le climat de la Cop29 à Bakou a intensifié les inquiétudes quant à son engagement envers l’Accord de Paris sur le climat de 2015 – une situation qui n’est pas sans rappeler le retrait de Trump pendant sa présidence.
C’est apparemment Milei lui-même qui a tenté d’établir des relations avec la France, positionnant Macron comme l’un des rares dirigeants étrangers disposés à s’engager avec Milei après les élections, donnant à Macron l’occasion de tirer parti de ses connaissances en diplomatie internationale pour potentiellement influencer la position de Milei.
Un « pari » politique
Emmanuel Macron est connu pour sa volonté de dialoguer avec des dirigeants controversés, ce qui – tout en démontrant sa flexibilité diplomatique – peut aussi être un pari.
Si le président français ne parvient pas à convaincre Milei de respecter l’Accord de Paris, cela pourrait signaler une diminution de la stature de la France dans la région, incitant potentiellement d’autres pays d’Amérique du Sud à reconsidérer leurs engagements climatiques.
Macron a tout intérêt à se positionner comme un leader en matière de diplomatie environnementale, notamment à la suite de tensions antérieures avec l’ancien président d’extrême droite brésilien Jair Bolsonaro sur les questions de déforestation.
Macron exposera également sa position aux pays du Mercosur – dont l’Argentine et le Brésil – concernant son opposition à l’accord commercial entre l’UE et les signataires sud-américains, en soulignant les conséquences environnementales d’un tel arrangement.
Même si les réformes mises en œuvre par l’administration de Milei pour stabiliser l’économie argentine sont controversées, la France a exprimé son soutien à leurs efforts, suggérant qu’ils vont dans la bonne direction.
Négociations sous-marines
Paris souhaite également renforcer ses liens économiques – notamment dans les métaux critiques – à l’occasion de l’inauguration récente d’une mine de lithium par la société française Eramet en Argentine.
Macron pourrait également poursuivre les discussions sur la vente de sous-marins français Scorpène à l’Argentine, même si les responsables se montrent prudents quant à l’avancement des négociations.
La marine argentine, dépourvue de sous-marins opérationnels, considère cet accord comme une priorité, mais le financement reste un obstacle.
Dimanche, Macron rendra hommage aux citoyens français victimes de la dictature militaire argentine de 1976 à 1979, un sujet de controverse alors que les critiques de Milei l’accusent de minimiser ce sombre chapitre de l’histoire du pays.
Après ses engagements en Argentine et au sommet du G20, Macron se rendra au Chili, où il devrait prononcer un discours important devant le Congrès à Valparaiso sur la stratégie de son administration envers l’Amérique latine.