Le Parti socialiste paraît résolu à s’aligner sur la France insoumise dans l’éventualité d’une motion de censure. Malgré les divergences idéologiques évidentes qui se manifestent fréquemment entre les deux formations au sein de la Nouvelle Union populaire, les socialistes préfèrent éviter de contrarier leur partenaire.
Marine Le Pen a réitéré, lundi 25 novembre, sa détermination à soutenir la motion de censure annoncée par les partis de gauche si le gouvernement utilisait l’article 49.3 pour faire passer le budget. Cependant, l’avenir du gouvernement mené par Michel Barnier ne repose pas uniquement sur les votes des députés du Rassemblement National, même si Marine Le Pen tente de le faire croire. Frustrée de ne pas avoir d’influence sur les décisions gouvernementales, la dirigeante de l’extrême droite met en scène quotidiennement son soutien à la motion de censure. Elle cherche ainsi à rassurer ses partisans, comme si elle possédait à elle seule le pouvoir de renvoyer Michel Barnier de Matignon. Néanmoins, même en additionnant les députés insoumis (71) et ceux du RN (124), avec le soutien des écologistes, des communistes et des proches d’Éric Ciotti, cela ne suffirait pas pour atteindre la majorité absolue de 289. En réalité, ce sont les 66 députés socialistes qui détiennent la clé de la situation politique.
Ils semblent pencher vers le soutien à la censure. Cependant, pour éviter d’être accusés de provoquer le chaos, ils souhaitent surtout préparer l’avenir, c’est-à-dire envisager la configuration politique et les personnes qui pourraient être à Matignon après Michel Barnier. Cela leur permettrait de raviver leur identité en tant que parti de gouvernement. Ainsi, certains socialistes envisagent de relancer l’idée de Bernard Cazeneuve. D’autres promeuvent la formation d’un gouvernement « technique » que les groupes de « l’arc républicain » s’engageraient à ne pas censurer.
Des divergences marquées
C’est ce scénario qui a été évoqué dimanche sur 42mag.fr par Boris Vallaud, le président du groupe socialiste. Cependant, dès qu’il a été mentionné, cette tentative d’émancipation a suscité une avalanche de menaces et d’accusations de trahison de la part des insoumis et de leur leader, Jean-Luc Mélenchon, qui accuse les socialistes d’être prêts à « changer de ligne » pour créer un « nouveau socle commun » avec les macronistes et la droite.
Selon Jean-Luc Mélenchon, la suite est déjà tracée : il prévoit le chaos afin de pousser Emmanuel Macron à se retirer, suivi d’une présidentielle anticipée, et enfin un second tour face à Marine Le Pen. Cette perspective inquiète profondément les socialistes. Pourtant, en dépit des excès de leurs alliés et de fréquentes confrontations sur des sujets cruciaux, comme le soutien à l’Ukraine face à Vladimir Poutine, la lutte contre l’antisémitisme, ou encore récemment la loi sur l’apologie du terrorisme que LFI souhaite abroger, les socialistes restent piégés par leur alliance avec les insoumis. Ils craignent de perdre leurs sièges s’ils rompent cette alliance, mais sont aussi condamnés à rester dans l’opposition tant qu’ils persistent à s’allier avec des partenaires aussi controversés.