Après avoir été écarté à l’Assemblée nationale, la partie consacrée aux recettes du budget sera examinée par la commission du Sénat dès mercredi, de même que le budget de la sécurité sociale. Cette situation réjouit particulièrement les sénateurs, qui s’en réjouissent grandement.
C’est le moment de la revanche pour les sénateurs qui reprennent en main les projets de loi sur le budget et le financement de la sécurité sociale à compter du mercredi 13 novembre. Nouveau chapitre dans l’histoire du « budget 2025 », avec dans les rôles des « gentils policiers », des alliés et surtout en complicité avec le Premier ministre Michel Barnier : les républicains, les centristes, et les soutiens de Macron, qui contrairement à l’Assemblée nationale détiennent la majorité au Palais du Luxembourg. Une revanche car les sénateurs possèdent habituellement moins d’influence que les députés, mais cette situation a radicalement changé.
C’est en effet une première depuis 12 ans : le Sénat appartient maintenant au même camp politique que le chef du gouvernement. Ce dernier valorise les sénateurs en leur remettant la version originale des projets de l’exécutif, sans les modifications introduites par les députés. Par ailleurs, dix ministres proviennent de ce même Palais du Luxembourg, ce qui pourrait bien aider les sénateurs, représentants des collectivités territoriales, à alléger les cinq milliards d’euros d’économies qui leur sont imposées dans ce budget. Un partisan de Macron trépigne d’impatience : « C’est la première fois que nous allons vraiment pouvoir élaborer le budget ».
« On nous traitait comme des parias »
Les sénateurs exultent : « Nous étions mis à l’écart », raconte une figure du Sénat – jargon qui signifie « interdits d’accès », « depuis notre commission d’enquête sur Benalla – proche d’Emmanuel Macron – on nous voyait comme des parias ». Il se permet même une pointe d’humour. « Les macronistes accéléraient quand ils apercevaient un sénateur traverser la rue de Vaugirard (à proximité du Sénat) ! », explique-t-il. Le leader des sénateurs macronistes François Patriat le formule ainsi : « On nous considérait comme des parlementaires au rabais, et nous revoilà ».
Revenus sur le devant de la scène donc… au point d’être sollicités par les députés. Ces députés qui n’ont pas réussi à faire adopter leurs amendements, puisque le budget qu’ils venaient d’altérer, au moins la première partie, a été rejeté. Ainsi, c’est bien la version initiale du gouvernement qui est examinée en commission, sans les amendements introduits, lesquels pourraient être repris par le gouvernement en séance.
Des députés comme Jean-René Cazeneuve ou Mathieu Lefèvre, appartenant à l’ancienne majorité, ont donc récemment contacté des sénateurs à propos de points très précis, tels que la question des relations financières entre la métropole du Grand Paris et les communes – nous sommes dans le détail.
Les sénateurs savourent d’autant plus que les discussions promettent d’être plus constructives au Palais du Luxembourg. Sur le plan formel, mais surtout au sein de ce qu’on appelle « le socle commun », l’alliance entre centristes, droite et macronistes sur laquelle s’appuie le Premier ministre. Nous sommes ici bien loin de la situation à l’Assemblée nationale. Leurs leaders se parlent – contrairement à Laurent Wauquiez et Gabriel Attal. Ils échangent et cherchent même un accord avant de débuter les débats dans l’hémicycle la semaine prochaine. Les présidents des groupes du Sénat doivent d’ailleurs se revoir en fin de semaine, selon les informations de 42mag.fr, tandis qu’à l’Assemblée nationale, le chef de la droite persiste à refuser l’idée d’un intergroupe avec ses homologues macronistes.