Mercredi, Donald Trump a ainsi remporté l’élection en tant que 47e président des États-Unis. Cet événement ne se limite pas simplement au retour spectaculaire de l’homme d’affaires ; il témoigne également de l’échec des leaders politiques à contrer efficacement la montée du populisme.
Le triomphe de Donald Trump, survenu le mercredi 6 novembre, représente un sérieux avertissement pour les démocraties occidentales. À l’exception de certains dirigeants comme Vladimir Poutine, Benyamin Nétanyahou et Viktor Orban, qui espéraient ce retour, la réélection de Donald Trump à la présidence des États-Unis était le pire scénario pour la majorité des chefs d’État occidentaux. Cette situation est désormais une réalité.
Ce retour en force souligne la remise en question du modèle démocratique par une part croissante de l’électorat qui se laisse séduire par des dirigeants autoritaires et populistes. Ces leaders vont parfois jusqu’à s’opposer aux règles établies, comme l’a montré Donald Trump lors de l’assaut du Capitole le 6 janvier 2021. Bien que certaines particularités de ce phénomène soient propres aux dynamiques politiques américaines, on observe des similarités frappantes avec les tendances sociétales de ce côté-ci de l’Atlantique.
Deux fractures profondes apparaissent : d’abord territoriales, entre grandes villes et zones rurales ou petites villes ; ensuite sociologiques, opposant élites intellectuelles, culturelles et diplômés aux classes populaires et aux non-diplômés, qui ont souvent tourné le dos aux partis de gauche. L’échec de Kamala Harris illustre l’incapacité des progressistes à combler ces divisions et de ce fait à lutter contre le populisme. Au lieu de répondre aux attentes sociales et identitaires des classes populaires qui se sentent ignorées par le sommet, cette gauche tend à fragmenter la société et à adopter une approche communautariste, souvent teintée de condescendance, par exemple en qualifiant ses opposants de « fascistes », comme l’a fait Kamala Harris. En fin de compte, la candidate démocrate, originaire de la Californie huppée, a répété les erreurs d’Hillary Clinton, une femme de l’Est symbolisant les élites new-yorkaises, en affichant le soutien de célébrités, de Taylor Swift à Lady Gaga.
Un récit rassembleur
En opposition, les difficultés économiques, notamment l’inflation et les questions migratoires, ont joué en faveur de Donald Trump. Le charismatique leader populiste a su promouvoir un grand discours unificateur avec le slogan « Make America Great Again », qui a lui a permis de séduire divers électorats, y compris les minorités latino-américaines et afro-américaines préoccupées par la sécurité et le pouvoir d’achat. Du Brexit à l’ascension de Giorgia Meloni en Italie, ces mêmes stratégies renforcent également l’extrême droite à travers l’Europe.
La victoire de Donald Trump constitue donc une aubaine pour Marine Le Pen, pointant du doigt les échecs des sondages et médias à prendre la mesure de la vague populiste. Contrairement à 2016, elle n’a pas manifesté un soutien explicite envers lui, probablement parce qu’en termes de style, c’est Jean-Luc Mélenchon qui incarne davantage le trumpisme avec sa rhétorique agressive envers les journalistes et sa volonté de « tout conflictualiser ». Depuis plusieurs mois, Donald Trump a suivi une pente de radicalisation. Son succès marque également un revers pour la stratégie de « dédiabolisation » prônée par Marine Le Pen.