Jeudi, le récent ministre de la Justice, Gérald Darmanin, a exprimé son intention d’allonger la durée des gardes à vue à 72 heures dans les cas de violences sexuelles aggravées.
Le projet d’allonger la durée de la garde à vue de 48 à 72 heures pour les affaires liées aux violences sexuelles graves et aux féminicides pourrait représenter une avancée positive, selon Christophe Miette, représentant national de la police judiciaire au sein du Syndicat des cadres de la sécurité intérieure (SCSI). Vendredi 27 décembre, il s’est exprimé sur 42mag.fr, réagissant à l’annonce faite par le Premier ministre Gérald Darmanin de vouloir introduire ce changement. D’après Miette, cette mesure permettrait de réduire la pression de l’urgence dans le traitement des affaires, de mieux structurer l’enquête et de replacer les victimes au centre des investigations.
Cette prolongation de la garde à vue donnerait l’opportunité de rechercher un hébergement d’urgence pour la victime, loin de son agresseur, et permettrait un travail plus collaboratif et approfondi avec les instances judiciaires, garantissant ainsi un dossier mieux préparé, même si cela mène souvent à l’ouverture d’une information judiciaire. Une durée d’audition plus étendue pourrait aussi amener certains auteurs à se confier sous le coup de l’émotion ou de la pression, explique Christophe Miette, en précisant que ces procédures doivent être rigoureusement encadrées.
« Il est crucial que les promesses soient concrétisées »
Par ailleurs, Christophe Miette considère que l’expérience de Gérald Darmanin, qui revient à la justice après avoir été ministre de l’Intérieur, pourrait être un atout. Toutefois, il garde une certaine réserve face aux annonces, craignant qu’elles ne restent sans effet concret. « En mars 2023, des promesses ont été faites, notamment concernant les cadres policiers, mais elles n’ont jamais été suivies d’actions concrètes. Il est impératif de passer des paroles aux actes », souligne Miette.
Bien que l’idée de prolonger certaines gardes à vue soit perçue positivement, elle ne doit pas occulter les autres dysfonctionnements du système. Le policier met en lumière les problèmes actuels de la justice, notamment le manque de personnel, d’effectifs, et de places en établissement pénitentiaire, ainsi qu’une lourdeur procédurale excessive qui nécessite un allègement.
Sans suffisamment de places dans les prisons, Christophe Miette craint que ces individus ayant commis des délits ou crimes ne soient libérés, donnant l’impression qu’ils restent impunis. Les victimes ne doivent pas se retrouver privées de justice, insiste-t-il. C’est pourquoi, selon lui, cette réforme pourrait apporter un changement significatif et bénéfique.