Lors de son passage sur TF1, le ministre de la Justice fraîchement nommé a soutenu une « mesure audacieuse » qui, selon lui, servirait d' »exemple » à la suite du jugement sur les agressions sexuelles à Mazan. Il propose d’allonger la durée de la garde à vue à 72 heures pour les personnes soupçonnées de violences sexuelles graves.
Gérald Darmanin a annoncé le jeudi 26 décembre lors du journal télévisé de 20 heures sur TF1 son intention d’étendre la durée des gardes à vue à « 72 heures pour les cas de violences sexuelles aggravées et les féminicides ». Le ministre de la Justice argue que cette prolongation, passant de 48 à 72 heures, offrirait la possibilité de « mettre en sécurité la femme ayant été menacée, agressée et violée, tout en permettant un interrogatoire plus approfondi de l’individu concerné ».
Réactions Mitigées au sein de la Gauche
À gauche, cette proposition suscite un certain scepticisme. La députée de La France insoumise, Sarah Legrain, considère que cette mesure semble avoir été introduite de manière inattendue et qu’elle ne correspond pas, selon elle, à une revendication historique des militants féministes. « Allonger la durée de garde à vue à 72 heures pour un suspect ne résout en rien la question de l’accueil des victimes, de leur suivi par du personnel formé, ou de leur protection, qui nécessiterait par exemple des ordonnances judiciaires de protection mais pas forcément une garde à vue prolongée », explique-t-elle.
Pour Sarah Legrain, Gérald Darmanin ne s’attaque pas aux véritables problèmes liés aux cas de violences sexuelles. « Cela ne répond pas non plus aux questions concernant la capacité d’enquête, pour recueillir des preuves, des témoignages… Tout ceci est peu lié à la détention prolongée du suspect ».
« Il ne semble pas aborder les choses de la manière la plus efficace. »
Sarah Legrain, députée LFIsur 42mag.fr
La Perception de Darmanin Mise en Question
Les écologistes partagent également cette critique, avec la députée Sandrine Rousseau allant jusqu’à signifier que Gérald Darmanin, malgré son acquittement par la justice face à des accusations de viol, ne serait pas la figure idéale pour mener ces nouvelles mesures. « Il y a des symboles forts en politique, et Gérald Darmanin représente le pire d’entre eux dans ce contexte », affirme-t-elle.
Les deux formations du Nouveau front populaire plaident avant tout pour un accroissement des ressources et la désignation de juges spécialement formés pour lutter contre les violences à l’égard des femmes.