L’acteur Abou Sangaré, qui a reçu un prix au Festival de Cannes pour sa performance dans « L’Histoire de Souleymane », a réussi à obtenir un titre de séjour.
Abou Sangaré voit le jour en Guinée en 2001. Dans sa jeunesse, il est confronté à la maladie sévère de sa mère. Pour financer ses soins, il fait le choix de quitter sa patrie. Son périple le mène à travers le Mali, la Libye et l’Algérie. Il travaille sans rémunération juste pour s’offrir une place sur un bateau pneumatique, une traversée risquée de la Méditerranée qui aurait pu lui coûter la vie. Finalement, à seulement 16 ans, il parvient à atteindre la France.
Arrivé à Paris, à la Gare du Nord, des gens lui conseillent d’éviter les contrôles policiers en prenant un train. C’est ainsi qu’il atterrit à Amiens. Là, il suit une formation qui le mènera à obtenir un baccalauréat professionnel, puis un brevet de technicien supérieur spécialisé dans la mécanique des poids lourds.
En 2023, le responsable d’une association lui annonce qu’un cinéaste cherche un Guinéen pour un long-métrage. Sceptique, Abou tente malgré tout sa chance au casting. Contre toute attente, il est choisi pour incarner le protagoniste dans le film L’histoire de Souleymane, qui retrace le parcours d’un migrant inventant une vie de dissident politique pour décrocher l’asile, alors qu’en réalité, il ne fuyait que la faim.
Lauréat à Cannes, mais toujours sans titre de séjour
Bien qu’Abou Sangaré ait été récompensé au prestigieux Festival de Cannes, sa troisième demande de régularisation est encore une fois rejetée par le tribunal administratif.
Ce n’est qu’après avoir reçu une proposition d’emploi dans un atelier de mécanique qu’il parvient, cette semaine, à obtenir en appel le précieux document.
Abou Sangaré exprime sa gratitude envers l’équipe cinématographique qui l’a beaucoup soutenu, sans oublier les personnes bienveillantes en Picardie qui l’ont épaulé : le directeur de la société de poids lourds, les bénévoles des associations, ses enseignants et ses collègues de travail.
Bien qu’il ait pris plaisir à jouer au cinéma, Abou Sangaré ne souhaite pas en faire sa carrière. Son aspiration reste celle de devenir mécanicien. Son objectif ultime est de vivre sans devoir se cacher ni endosser un rôle autre que le sien véritable.