Le Lotus Bleule récit des aventures de Tintin à Shanghai, est réédité cette semaine, alors que l’héritage d’Hergé entre dans le domaine public aux États-Unis.
Les éditions Moulinsart et Casterman rééditent la version originale de 1936 de Le Lotus Bleu – dans une version nouvellement colorisée.
Cette nouvelle édition contient « une palette de couleurs inédite, avec des nuances qui mettent particulièrement en valeur les scènes nocturnes, révélant ainsi l’intensité de l’action et la beauté des vignettes ».
Tintin au pays des soviets, Tintin au Congo et Tintin en Amérique ont reçu le même traitement entre 2017 et 2020.
« Les puristes ne les attendaient pas spécialement, mais avec leur grand format, ils ont le charme des plus grandes images de bande dessinée d’aujourd’hui », estime Benoît Peeters, spécialiste de l’œuvre d’Hergé.
Hergé et l’art chinois
La préface rappelle qu’Hergé avait une profonde appréciation pour l’art chinois, qu’il étudiait pour créer ses fonds.
« J’en ai puisé mon goût pour l’ordre, mon désir d’allier la minutie à la simplicité, l’harmonie au mouvement », disait Hergé en 1975, cité dans cette édition 2025 de Le Lotus Bleu.
Dans son pays d’origine, la Belgique, le musée Hergé de Louvain-la-Neuve, à 30 km de Bruxelles, explore cette influence dans une exposition intitulée « En Chine avec Tintin », inaugurée vendredi.
L’une des figures clés de la fascination d’Hergé pour l’art chinois était Tchang Tchong-Jen, un jeune étudiant chinois rencontré aux Beaux-Arts de Bruxelles.
Selon le Musée Hergé : « Pour les deux artistes, cette rencontre culturelle entre l’Orient et l’Occident a été une formidable ouverture sur le monde, mais aussi et surtout le début d’une belle amitié. Leur complicité est telle qu’elle s’est étendue sur le papier, donnant naissance à une nouvelle aventure Tintin, plus sensible et humaine que les histoires précédentes, car elle symbolise la fraternité forgée entre Tintin et (Tchang). »
Une biographie, Tchang Tchong-Jen : Artiste voyageurécrit par sa fille Tchang Yifei et l’expert de Tintin Dominique Maricq, est également sorti mercredi chez Casterman et Moulinsart.

Droit d’auteur aux États-Unis et dans l’UE
L’édition originale en noir et blanc de Tintin au pays des soviets n’est plus protégé par le droit d’auteur aux États-Unis depuis le 1er janvier. Selon la loi américaine, les œuvres datant de plus de 95 ans peuvent être librement exploitées, quelle que soit la date du décès de l’auteur.
Mais pour les héritiers de l’artiste belge, il s’agit d’un « non-événement », comme ils l’avaient déclaré à la chaîne française BFMTV en décembre.
« L’enjeu économique est faible. Tintin est peu présent aux Etats-Unis, comme en témoigne le succès relativement modeste du film de Spielberg », confirme Peeters, évoquant Les Aventures de Tintin : Le Secret de la Licornesorti en 2011.
En Europe et au Canada, Tintin reste entièrement protégé jusqu’au 1er janvier 2054. Les termes du droit d’auteur dans l’Union européenne s’étendent sur 70 ans après la mort des créateurs, et Hergé est décédé en 1983.
Les héritiers – la veuve d’Hergé, Fanny Vlamynck, 90 ans, et son deuxième mari, Nick Rodwell, 72 ans – maintiennent une position stricte, conforme aux dernières volontés du créateur : interdire strictement à quiconque de dessiner Tintin et ses compagnons.
Peeters a expliqué : « On parle souvent d’abus de leur part. Cependant, il faut réitérer qu’à l’ère du piratage et du vol de livres par AI, il est normal de protéger l’œuvre d’un auteur, même longtemps après sa mort. c’est ce qu’ils font. »