Suite à la déclaration de candidature de Boris Vallaud, le nombre de candidats visant la direction du Parti socialiste s’élève désormais à trois. À l’approche du congrès dans trois mois, le parti de la rose pourrait bien se préparer à une nouvelle confrontation entre ses dirigeants.
À l’approche du congrès du Parti socialiste prévu dans trois mois, la tension monte au sein du parti. Le 5 juin prochain, les membres du PS devront choisir leur nouveau premier secrétaire parmi trois principales figures déjà dans la course : Olivier Faure, l’actuel leader du parti, Nicolas Mayer-Rossignol, le maire de Rouen qui s’était déjà présenté en 2023, et Boris Vallaud, chef du groupe Socialiste à l’Assemblée nationale, qui a récemment annoncé sa candidature sur France 2, le 13 mars. D’autres acteurs importants de la sphère socialiste pourraient également se présenter en vue de diriger le parti à deux ans des élections présidentielles. La nouvelle direction du PS aura également pour mission de préparer les élections municipales de 2026. Franceinfo vous présente les trois candidats déjà déclarés ainsi que leurs propositions.
Olivier Faure, le dirigeant actuel
Aujourd’hui âgé de 56 ans, Olivier Faure aspire à un quatrième mandat en tant que leader du Parti socialiste. Après avoir pris la tête d’une formation en difficulté en 2018, à la suite du mandat présidentiel de François Hollande, Faure a été le premier à se déclarer en lice, communiquant sa candidature le 16 février sur France 3. Député de la Seine-et-Marne depuis 2012, il a également dirigé le groupe socialiste de 2016 à 2018. Son engagement en faveur de l’union de la gauche l’a poussé à promouvoir la structure de la Nupes pour les élections législatives de 2022, suivie par le Nouveau Front populaire pour les élections anticipées de 2024. Ce positionnement stratégique a permis au PS de retrouver certains sièges à l’Assemblée, mais a également suscité des critiques internes. Une fraction des socialistes exprime son désaccord avec une alliance avec La France insoumise, surtout en raison de leur prise de position après les événements du 7 octobre, jugée complaisante à l’égard du Hamas.
Pour contrer ces critiques, Olivier Faure a récemment pris ses distances vis-à-vis du parti de Jean-Luc Mélenchon, notamment après la chute du gouvernement de Michel Barnier en décembre. Il a décidé d’engager le dialogue avec le Premier ministre François Bayrou et de ne pas soutenir la motion de censure du budget en février, malgré les désaccords exprimés par les insoumis, les verts et les communistes. Toutefois, cette stratégie pourrait ne pas suffire à convaincre ses opposants internes, qui lui demandent d’assurer la présence d’un candidat social-démocrate à l’élection présidentielle. Pour l’instant, Olivier Faure ne considère pas cela comme une condition préalable.
« Je souhaite que, puisque Jean-Luc Mélenchon a décidé d’être candidat, il y ait un candidat pour le reste de la gauche. »
Olivier Faure, premier secrétaire du PSsur France Inter
Depuis décembre, cet élu de la région parisienne a intensifié ses déplacements et ses dialogues à travers le pays, affirmant sa volonté de « repartir de la base » et de « se mettre à portée de baffes », selon ses termes. En cas de victoire pour un nouveau mandat à la tête du PS, ses partisans l’envisagent même comme le candidat de la gauche pour l’élection présidentielle de 2027.
Nicolas Mayer-Rossignol, le contestataire du parti

ROBERT/SIPA)
Le maire de Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol, a été le second à annoncer sa participation, le 4 mars, dans une interview donnée au Nouvel Obs. Il a clarifié lors d’une conférence de presse à Paris que le candidat de son mouvement, « Refondations », serait sélectionné par un vote dans les « prochaines semaines ». Se défendant de toute ambition personnelle dans sa démarche, il revendique une « légitimité » fondée sur sa précédente candidature en 2023 lors du congrès de Marseille, qui avait mis le parti en situation de dualité. Le camp d’Olivier Faure avait alors gagné de justesse avec 51,09 % des suffrages des membres, ce résultat ayant été initialement contesté par Mayer-Rossignol, avant la conclusion d’un accord.
Déjà opposé à l’alliance avec La France insoumise en 2022, Nicolas Mayer-Rossignol persiste dans son refus d’un « pacte national » avec eux, tant que ceux-ci continueront une « stratégie de radicalisation du discours public ». Le maire souhaiterait favoriser la construction d’« une nouvelle maison commune ». En cas de succès au congrès, il promet, dans une tribune diffusée par L’Opinion, de réaliser cette vision d’un « nouveau rassemblement de la gauche », incluant Place publique, le parti de l’eurodéputé Raphaël Glucksmann.
« Nous pensons enfin que pour gagner, il faut bâtir un nouveau rassemblement de la gauche et des forces de
progrès. Divisés, nous perdrons. Mais une union sans cohérence de fond, réduite à des accords électoraux
circonstanciels, n’a pas plus d’avenir. »Nicolas Mayer-Rossignol, maire de Rouendans « L’Opinion »
Ce texte, endossé par des personnalités telles qu’Anne Hidalgo, maire de Paris, Patrick Kanner, leader du groupe PS au Sénat, et Carole Delga, présidente de la région Occitanie, dénonce une « partie de la gauche » qui, « depuis le 7-Octobre notamment, s’est éloignée de nos valeurs et agit comme une force répulsive de fracturation », sans nommer explicitement La France insoumise.
À 47 ans, Nicolas Mayer-Rossignol souhaite également transmettre l’idée qu’une vie avec une maladie est possible, après avoir partagé en novembre son diagnostic de cancer de la vessie, qui, selon lui, n’a pas récidivé depuis juin dernier.
Boris Vallaud, le candidat surprise

MESSYASZ/SIPA)
Bien qu’il ait longtemps hésité, à 49 ans, le leader des 66 députés socialistes a décidé de franchir le pas afin de « rassembler » le parti. « Je peux être ce lien entre des socialistes qui prétendent ne pas s’entendre, mais dont je sais qu’ils peuvent travailler ensemble », a-t-il déclaré sur France 2 en évoquant les différentes candidatures internes. Ancien allié d’Olivier Faure, Boris Vallaud prend le risque d’initier une bataille interne pour la direction.
L’élu des Landes a également proposé une tribune, dans laquelle il expose ses idées pour le PS. Publié dans Libération, le texte, intitulé « Pour un PS de combat face aux coups de boutoir des nationalistes et des libéraux », appelle à faire de cette élection interne un « congrès de réconciliation »
et « de doctrine ». Bien qu’il milite, comme Olivier Faure, pour une candidature de gauche pour 2027, il exclut un soutien à Jean-Luc Mélenchon. Sans lui offrir un appui explicite, l’ancien président François Hollande a néanmoins salué les « qualités » de Boris Vallaud, qui fut son secrétaire général adjoint durant son propre mandat.
Le congrès restera-t-il une compétition exclusivement masculine ? D’autres candidatures pourraient émerger, telles que celle d’Hélène Geoffroy, maire de Vaulx-en-Velin, arrivée troisième au premier tour en 2023, ou encore Karim Bouamrane, maire de Saint-Ouen, qui prône une candidature unique contre Olivier Faure, qu’il accuse d’incarner l’« immobilisme »
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